Malgré le prolongement jusqu’au 8 février du confinement imposé aux commerces considérés comme non essentiels, le gouvernement Legault permet à ceux-ci d’offrir la cueillette à la porte de leur entreprise.
Une décision saluée par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui en avait fait la suggestion au premier ministre François Legault dans une lettre adressée le 17 décembre dernier.
«Nous avons connu une belle vague d’encouragement de l’achat local durant les fêtes et il aurait été dommage de freiner cet élan en laissant le champ libre aux géants du commerce en ligne, a déclaré le 6 janvier par voie de communiqué François Vincent, vice-président Québec à la FCEI. En permettant le ramassage en bordure de rue, on donne l’option aux Québécois de choisir leurs commerces locaux pour faire leurs achats.»
Pratique coutumière
Le mois dernier, la Fédération étayait sa recommandation du fait que la collecte de marchandise à la porte des commerces figurait parmi les options mises en place par bon nombre d’entrepreneurs pour rejoindre leurs clients en temps de pandémie.
«… si certaines entreprises peuvent continuer d’offrir le ramassage, comme les restaurants ou les commerces jugés essentiels, pourquoi priver nos petites entreprises de quartier de cette possibilité et d’une source potentielle de revenus qui pourraient faire une grande différence? » questionnait alors François Vincent.
Toujours dans sa lettre où les ministres Pierre Fitzgibbon (Économie), Christian Dubé (Santé) et le Directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, apparaissent en copie conforme, M. Vincent soulignait que «cette pratique, devenue coutumière depuis le premier confinement, permet de minimiser les contacts, tout en donnant la possibilité aux propriétaires d’entreprises de générer des revenus.»
Il terminait en faisant valoir que d’«encourager la prise de rendez-vous, la livraison ou le ramassage en bordure de rue permettrait d’allier le respect des consignes et des recommandations de la santé publique ainsi que les besoins de l’économie québécoise qui, rappelons-le, se compose pour l’essentiel de PME.»
Une mesure jugée d’autant plus cruciale que les données recueillies par la FCEI démontrent que près de la moitié des PME québécoises craignent de ne pas passer au travers d’un deuxième confinement.
Aide insuffisante
Par ailleurs, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) estime que le gouvernement devrait en faire davantage pour soutenir l’industrie.
Défendant les intérêts de 110 000 propriétaires de PME au pays dont 24 000 au Québec, elle rappelle que les entreprises commencent la nouvelle année 2021 en étant déjà très fragilisées.
L’organisation en veut pour preuve une dette moyenne excédant les 100 000 $ que les PME ont contractée en 2020 en raison de la pandémie.
«Plus on limite les PME, plus les impacts économiques sont grands et affecteront les autres entreprises de leur écosystème, mentionne Francis Bérubé, analyste principal des politiques à la FCEI. Le seul moyen de voir la lumière au bout du tunnel, qui commence à être très long pour de nombreuses PME, c’est de s’assurer de bonifier les programmes d’aide».
Selon les résultats d’un sondage mené auprès de 991 dirigeants d’entreprises québécoises avant les Fêtes, 90 % ont encore besoin du soutien de l’État et près de 60 % demandent au gouvernement de miser sur des programmes offrant des subventions plutôt que des prêts.
Ce coup de sonde révèle également que plus de la moitié (52 %) d’entre eux souhaitent que le gouvernement s’engage à maintenir des programmes d’aide tant et aussi longtemps que la crise durera.
«Toute relance économique passe par le maintien de l’écosystème entrepreneurial québécois qui se compose pour l’essentiel de PME, reprend François Vincent. Pour la FCEI, il est vital que les entreprises qui vivent les restrictions imposées et celles dont les ventes ont chuté aient accès aux programmes d’aide».
Il conclut en soutenant que «le gouvernement du Québec peut améliorer ces actions et les arrimer avec celles du gouvernement fédéral pour sauver les PME».