La venue possible d’un second joueur sur le marché du transport adapté par taxi à Laval peut faire fluctuer la valeur du permis de propriétaire, payé à prix d’or par les chauffeurs de taxis.
Pour pouvoir offrir le service de transport par taxi, spécialisé ou non, un permis de propriétaire, valide pour un territoire précis, est obligatoire. Ces permis sont délivrés par la Commission des transports du Québec.
Mais voilà: à Laval, la délivrance de ces permis est limitée à un quota de 213 unités, en vigueur depuis les années 1970. La rareté gonfle les prix. Le phénomène est observé ailleurs au Québec, notamment à Montréal.
Plusieurs intervenants du milieu s’entendent pour dire que ces permis se transigent en moyenne à 250 000$ à Laval. Une estimation confirmée par un conseiller financier d’une caisse populaire Desjardins, qui a préféré ne pas être nommé.
Certaines caisses lavalloises offrent des prêts financiers aux acquéreurs de permis, sous la forme d’une hypothèque mobilière. «Ce qui est donné en garantie, c’est le permis et la voiture», explique le conseiller. Le permis devient ainsi un actif au même titre qu’une maison. «C’est notre retraite», résume un chauffeur, sous le couvert de l’anonymat.
Depuis le 15 novembre 2000, les permis de propriétaire de taxi délivrés par la Commission ont une validité d’au plus cinq ans et ne peuvent faire l’objet d’une transaction marchande. Les droits de délivrance pour un permis régulier s’élèvent à 250$ à Laval. À cela s’ajoute le renouvellement annuel de 100$ payable à la Société de l’assurance automobile du Québec.
Tous les permis en circulation sur le territoire de Laval ont cependant été délivrés avant 2000. «C’est la loi du marché et la Commission n’a pas un mot à dire», résume un porte-parole de la Commission des transports du Québec, Richard Anger.
Question sensible
Caroline Lavoie, administratrice de l’entreprise Taxi Terra, qui tentera d’obtenir l’obtention de permis restreints pour le service de transport adapté par taxi auprès de la Commission, est consciente de la sensibilité des chauffeurs lavallois. À Laval, les permis réguliers déjà délivrés servent aussi au transport adapté, qui est fourni sur une base volontaire par les chauffeurs.
Le spectre du bris de monopole créé une incertitude, admet Mme Lavoie. «On ne veut pas leur faire peur et faire chuter la valeur de leur permis», assure-t-elle, en parlant plutôt en terme de «saine compétition» et de «collaboration».