Par : Coopérative Funéraire du Grand Montréal
Rédiger son testament, c’est du sérieux! Par cet acte juridique, on déclare ses dernières volontés en léguant ses biens. Cela n’empêche pas certaines personnes d’y glisser quelques facéties qui compliquent parfois le travail des notaires.
Ce document peut aussi être fort révélateur quant à la nature et l’ampleur des biens des individus. Il fournit des indices intéressants sur les relations familiales et sur le climat d’harmonie ou de tension qui peut exister au sein de la cellule familiale. Certains testaments sont inusités : le testament de sir George-Étienne Cartier se classe certainement dans cette catégorie.
George-Étienne Cartier, né le 6 septembre 1814 et décédé le 20 mai 1873, était un homme politique Canadien français. Il joua un rôle de premier plan sur la scène politique québécoise et canadienne durant les années 1850-1870. Il fut un réformateur du système scolaire et de la justice, et l’un des Pères de la Confédération. Il fut l’un des membres fondateurs du Dominion du Canada, où il désirait établir une union fédérale décentralisée.
Le petit George, comme ses amis l’appelaient, avait épousé Hortense Fabre le 16 juin 1846, à Montréal. Hortense était la fille d’Édouard-Raymond Fabre, un libraire qui fut également maire de Montréal et patriote acharné complètement acquis à la cause de Louis-Joseph Papineau. Cartier, pour sa part, était un ancien patriote, vite devenu vire-capot, et dès lors entièrement voué à la cause d’un grand Canada uni, peu importe le prix. Ces importants différends avec la famille de son épouse ont rapidement miné les relations dans son couple et avec ses filles.
Pour assouvir sa haine des patriotes, les rouges, Cartier s’est d’abord éloigné de sa femme et ses filles en passant la majorité de son temps dans sa maison d’été, située en bordure du fleuve Saint-Laurent. Cartier soupçonnait notamment sa femme de divulguer des renseignements à ses adversaires politiques. À l’époque, les couples en panne ne se séparaient pas, et divorçaient encore moins. Il y aurait alors eu un triangle amoureux qui a perduré, leur vie durant, entre George-Étienne Cartier, sa femme Hortense Fabre et sa maîtresse Luce Cuvillier. La preuve la plus marquante de sa mésentente avec sa famille proche et le mépris envers sa belle-famille est sans contredit le testament de Cartier.
Dans son testament, ce riche bourgeois déshéritera d’abord sa femme. En ce qui a trait à la séparation des biens, il ne cédera rien de plus que ce à quoi il est contraint en vertu du contrat de mariage qui le lie toujours à sa femme Hortense.. Ensuite, il obligera ses deux seules filles à n’épouser aucun allié du clan Fabre et il leur accordera, sous conditions, des rentes annuelles compliquées et administrées en fidéicommis par un concours d’amis et par son frère.
Sir George Étienne Cartier est décédé le 20 mai 1873, à Londres. Lady Cartier et ses deux filles, bien que présentes au chevet du mourant, n’ont pas accompagné sa dépouille, qui fut accueillie en grande pompe tout le long du fleuve Saint-Laurent et lors de funérailles grandioses à la basilique Notre-Dame de Montréal. Les filles étaient toujours célibataires au moment de leur décès. Quant aux biens de la succession de Cartier, ses descendants collatéraux étaient toujours en attente de sa répartition à la fin des années 1960.
Respecter les volontés d’un défunt et répartir ses biens en fonction de son testament n’est pas toujours un moment heureux qui se déroule en toute cordialité ou une partie de plaisir. Le testament est un outil incontournable et primordial pour ne pas être le témoin d’en haut d’un spectacle bien triste entre vos descendants et proches sur terre.
Je vous invite cette semaine à visionner cette excellente entrevue de la notaire Josée Fortin avec Gilles Proulx sur l’importance de faire son testament. Bon visionnement!
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