Profitant de la réédition en vinyle du deuxième album de Vilain Pingouin, Rudy Caya prend plaisir à revenir sur la création et l’enregistrement de ce Roche et roule devenu un classique du rock québécois.
Le chanteur et leader de Vilain Pingouin se réjouit d’abord du grand retour en force des disques sous forme de vinyle.
«Je suis heureux de revenir à cette ancienne méthode d’écoute, confie le musicien de Sainte-Rose. On est plus concentré sur ce qu’on fait et il y a ce cérémonial de se lever pour changer le disque de côté.»
La réédition de Roche et roule vient de l’attachement et la demande du public pour ce microsillon où le groupe a mis un pied plus pesant sur le son. Le quintette est allé plus loin pour définir un rock plus lourd et incisif qui le caractérise encore aujourd’hui, mentionne Rudy Caya.
Un mois et demi d’intensité
C’est en 1992 que les gars de Vilain Pingouin, dont le guitariste multiinstrumentiste lavallois Claude Samson, se sont dirigés vers le célèbre studio d’enregistrement conçu par André Perry à Morin Heights, dans les Laurentides.
«On est allé s’isoler dans notre bulle avant que ce soit la mode», blague Rudy Caya, qui concède ne pas avoir trop souffert de la pandémie en s’avouant déjà ermite loin des cercles sociaux du showbizz.
Sur place, les rockers vont trimer de 11h le matin à minuit, retravaillant chaque pièce avec une maturité nouvelle, «plus professionnelle», dixit le chanteur lavallois; et ce, jusqu’au titre ultime en ordre de composition.
«Il manquait une chanson, nous devions retourner à Montréal le jour même, relate Rudy Caya. C’est là que je suis allé m’asseoir par terre contre une console, dans le noir total. Ç’a donné L’orage, une pièce sur les dépendances qui parle encore beaucoup aux gens qui vivent ou vécu ça.»
Autres chansons
Parmi les titres les plus connus, d’aucuns se souviendront de P’tite vie, p’tite misère que Rudy Caya a écrit sur un bout de papier un samedi après-midi lors d’une pause alors qu’il travaillait comme débardeur au défunt magasin Sears de Laval.
«Ç’avait été un avant-midi exigeant à charrier de la guénille, se souvient le principal intéressé. Les mots me sont venus naturellement. Ça représente bien notre mode d’écriture fait beaucoup d’un mélange de moments spontanés mis en musique.»
Parmi les trois chansons les plus demandées en spectacle, il y a la puissante Délinquance qui, elle aussi, rejoint de nombreuses personnes ayant survécu à la loi de la rue, ou simplement des moments plus difficiles de leur vie.
Si l’album s’ouvre sur un jam à l’emporte-pièce, Passe-moi le celt, s’enchaîne ensuite des morceaux vitaminés tels Le droit de chiâler et La mort, avant de se poursuivre sur la mélodique Chu tu seul à soir et l’énergique Témoin, pour se conclure par la pièce-titre, créée joyeusement directement au studio, «à la bonne franquette», avec un surprenant Rudy au piano, et ce, après la tendre jazzée Le bleu du papier blanc.
«Les gens ont besoin de sortir, de se rappeler comment c’était avant la COVID»
– Rudy Caya
La suite
Pour l’instant, Vilain Pingouin envisage quelques spectacles en cours d’été si la pandémie ne joue les trouble-fêtes de nouveau.
«On commence tranquillement à repratiquer ensemble, indique Rudy Caya. Et tout comme nous, le public a beaucoup de rattrapage à faire après tout ce temps sans travailler.»