«Beaucoup de choses ont changé depuis l’adoption de la politique culturelle, en 1992, notamment l’avènement du numérique qui a bouleversé nos habitudes, a rappelé Luc Fortin, impressionné jusqu’ici par la qualité des documents reçus. Il n’est pas question de tout jeter dans la loi actuelle, mais de modifier et ajouter certains éléments.»
Cette quatrième journée de la consultation publique, amorcée le 6 juin à Québec, a donné lieu au dépôt de 13 mémoires et à 11 témoignages, la plupart des interventions provenant du milieu culturel, sans oublier les paliers municipal et scolaire.
Ville de Laval
Marc Demers a lancé les échanges entre les participants et le ministre flanqué de spécialistes. Le mémoire de la Ville présente 25 recommandations reposant sur le principe d’équité.
«Notre défi principal est de rattraper le retard que représente chez nous le sous-financement historique des investissements publics en culture, a affirmé le premier magistrat. Ce n’est pas un blâme envers vous. Si blâme il y a, c’est envers l’administration précédente pour qui la culture n’était pas importante.»
Le maire a déclaré que la culture est un moteur de développement du futur centre-ville, où se trouvent déjà la Maison des arts de Laval, la Salle André-Mathieu et la Place Bell, qui ouvrira ses portes en 2017, en plus des constructions prochaines d’une grande bibliothèque centrale et d’un Centre de création artistique professionnelle.
Laval veut que le gouvernement du Québec inscrive la culture comme pilier indissociable du développement durable. Le maire a aussi livré un vibrant plaidoyer pour la muséologie scientifique, avant d’exprimer son étonnement devant la vision du Ministère au sujet du réseau d’équipements culturels jugé bien développé et financé.
«Laval est très loin de cette réalité, a indiqué Marc Demers, martelant de nouveau le désengagement historique et le principe d’équité. Laval détient en effet un réseau peu développé, peu soutenu, en mauvais état et qui ne suffit pas aux besoins.»
Échos pertinents
Dominique Bodeven, directrice générale de la Société d’histoire et de généalogie de l’Île Jésus et du Centre d’archives de Laval, a pris le relais du maire et fait savoir au ministre que la région souffrait «d’asphyxie culturelle par manque de soutien financier adéquat», dénonçant un manque à gagner de 1,6 M$ depuis 2012.
Après avoir joint sa voix une seconde fois au maire, sur l’importance de la culture dans l’intégration des nouveaux arrivants, Mme Bodeven a soutenu que la définition renouvelée de la culture devra comprendre les archives, paysages, l’histoire, le patrimoine religieux, matériel et immatériel, tous des éléments porteurs d’identité.
Après que le ministre Fortin eut questionné une élève de l’école Curé-Antoine-Labelle, Ariane Gervais, sur l’importance de sensibiliser les professeurs à l’enseignement de la littérature québécoise en classe, la poète et ancienne présidente de la Société littéraire de Laval, Leslie Piché, a clôt les échanges de la matinée en insistant sur l’importance de la microculture et le maillage essentiel entre le communautaire, les créateurs, l’éducation et les autres gestionnaires qui vivent du travail des artistes.
Politique et créateurs
En après-midi, après les présentations de Québecor et l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), le Conseil régional de la culture de Laval (CRCL) a pris part au débat. Sa directrice générale, Marianne Coineau, a soulevé une importante préoccupation du milieu culturel.
«Le CRCL remarque que la création et le rôle central joué par les créateurs sont peu mis de l’avant, contrairement à la politique de 1992, a observé Mme Coineau. Face à ce constat qui nous interpelle, nous demandons que la nouvelle politique culturelle identifie les créateurs comme les premiers acteurs et artisans du développement culturel.»
Le CRCL a aussi ajouté sa voix au consensus sur le principe d’équité et le rattrapage nécessaire sur le territoire lavallois.
Les Artistes de Réminiscences, la Société littéraire de Laval, Corporation de la salle André-Mathieu, Centrale des artistes, le Musée Armand-Frappier, Théâtre Incliné et Verticale – Centre d’artistes étaient aussi du rendez-vous.
Notons que les citoyens qui n’ont pu se rendre sur place ont la possibilité de participer aux réflexions en remplissant un questionnaire en ligne ou en déposant un mémoire d’ici le 26 août au www.mcc.gouv.qc.ca/Politiqueculturelle.