Président de la Société nationale du Québec à Laval (SNQL), Jean Desautels n’est pas tombé en bas de sa chaise en prenant connaissance de l’important recul du français à Laval depuis 2016.
«Ça correspond à ce qu’on dit depuis quelques années: Laval s’anglicise de plus en plus et la langue française occupe un rôle de plus en plus secondaire», dit-il d’entrée de jeu à l’autre bout du fil, lorsqu’invité à réagir au portrait linguistique lavallois émanant des données du recensement 2021 publiées quelques heures plus tôt par Statistique Canada.
Urgence d’agir
«Il va falloir poser des gestes très forts si on veut vraiment sauver le français à Laval», enchaîne du même souffle l’âme dirigeante régionale de l’organisme québécois voué, entre autres, à la promotion et la défense de la langue française.
M. Desautels y voit une urgence d’agir: «Si on ne fait rien, on va tout simplement disparaître. On peut dire que dans probablement 5 ou 10 ans, Laval sera devenue une ville bilingue et dans 20 ans, une ville unilingue anglophones. C’est absolument évident d’après les tendances actuelles».
En tout premier lieu, il souhaite ardemment que le comité lavallois de la langue française dont la Ville entend se doter se mette rapidement en branle.
Au mois de juin dernier, sous l’impulsion du chef intérimaire de Parti Laval, Claude Larochelle, le conseil municipal adoptait à l’unanimité une résolution visant à former un comité d’experts qui aura notamment pour mandat d’élaborer «un plan d’action municipal pour la valorisation du français à la fin de l’année 2023».
«Il faudrait que ce comité puisse voir le jour dans les prochains mois; dans deux ans, il va être trop tard», soutient l’ardent défenseur de la langue de Molière.
Aux grands maux les grands remèdes
Pour freiner l’anglicisation, qui gagne sans cesse du terrain sur le territoire de l’île Jésus, Jean Desautels en appelle à l’administration municipale à qui il demande à l’avenir «de communiquer avec tous les citoyens en français et en français uniquement».
Contrairement aux municipalités dont le statut est bilingue, Laval demeure une ville francophone et n’est pas tenue, selon la loi, de s’adresser à ses citoyens dans la langue de Shakespeare, et ce, indépendamment que ceux-ci communiquent en anglais avec l’administration lavalloise, fait valoir le président de la SNQL.
«Tout, tout, tout doit être fait en français uniquement, insiste-t-il, en évoquant l’affichage et les communications numériques, orales et écrites officielles. Plus on offre des documents bilingues, plus on incite les gens qui ne parlent pas français à continuer à ne pas parler français». Cela inclut les avis publiés par les services d’urgence et de santé publique.
La responsabilité d’apprendre le français ou de se faire traduire les documents expédiés par la Ville incomberait alors à tous les résidents.
«Je sens que notre français est sérieusement menacé et personnellement, comme le disait monsieur [François] Legault récemment, je n’hésiterais pas à parler d’une Louisianisation de plus en plus accélérée du Québec et de Laval», termine Jean Desautels.