Le récent remblayage d’un important milieu humide, à Chomedey, a soulevé l’ire du directeur général du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, Guy Garand.
Le marais de quenouilles, localisé au sud-ouest de la rue Louis-B. Mayer et du boulevard Curé-Labelle, aurait été complètement remblayé au cours des quatre dernières semaines. Le CRE évalue la perte à une superficie supérieure à 200 000 pieds carrés.
Ce milieu humide serait passé de trois à un hectare depuis le dernier relevé terrain, effectué à la mi-juin.
«C’est scandaleux!», lance M. Garand, qui est allé constater l’étendue des dégâts à la suite d’une dénonciation citoyenne, le 10 juillet.
Présence d’un lien hydrologique
«Pendant que le niveau des rivières est à son plus bas et que les municipalités multiplient les avis d’interdiction d’arroser, on détruit un important milieu humide», dénonce-t-il, rappelant que ces zones naturelles contribuent, entre autres, à réduire les effets de sécheresse.
Ce qui ajoute à la colère de M. Garand est le fait que ce milieu humide, sérieusement perturbé, est interconnecté avec d’autres zones humides, tant à l’est qu’à l’ouest du boulevard Curé-Labelle.
Selon des relevés hydrogéologiques, il alimente le ruisseau Papineau-Lavoie, qui se déverse dans la rivière des Prairies.
«Les milieux humides sont parmi les facteurs qui contribuent à maintenir le niveau de nos rivières et la qualité des eaux», insiste l’environnementaliste lavallois.
Certificat d’autorisation
À la direction régionale du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), on affirme qu’un certificat d’autorisation (CA) a été délivré en bonne et due forme, le 22 juin, conformément à l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’ environnement.
Le Ministère, qui devrait expliquer sa position en début de semaine prochaine, cautionne «la destruction de deux milieux humides et d’un cours d’eau diffus» d’une superficie de 276 654 pieds carrés.
Le titulaire de la requête, une société de gestion présidée par Eugène Foisy, projette y construire trois bâtiments commerciaux, incluant les stationnements.
En retour, le certificat d’autorisation prévoit comme mesure compensatoire la conservation d’un terrain de quelque 300 000 pieds carrés, situé à l’ouest du marais Saint-Elzéar. Celle-ci devra être réalisée au plus tard le 22 juin 2015, prévoit-on.
Largesses gouvernementales
Le patron du CRE, qui ne décolère pas, juge sévèrement le gouvernement Charest en matière de protection de l’environnement.
Il estime que le Ministère agit à l’encontre du développement durable, du maintien de la biodiversité, de la sécurité en approvisionnement en eau des citoyens et de ses propres conditions à la délivrance d’un certificat d’autorisation.
«Depuis que ce gouvernement est en place, il n’y a jamais eu autant de milieux humides qui ont été détruits et/ou altérés dans tout le sud du Québec et plus particulièrement sur le territoire de Laval», s’indigne Guy Garand.
À cet égard, entre 2004 et 2010, le territoire lavallois aurait perdu 32 % de la superficie totale des milieux humides répertoriés en zone blanche, selon le dernier inventaire du CRE de Laval.
«Le gouvernement se ferme toujours les yeux et donne rarement des pénalités pour toutes ces infractions commises au nom de l’économie», déplore M. Garand.
Ce dernier réitère sa demande au MDDEP d’imposer rapidement un moratoire jusqu’à l’adoption d’une loi avec des dents, visant à protéger tous les milieux humides dans le sud du Québec.
«Il est impératif de mettre en place des mesures légales et efficaces pour protéger ces écosystèmes, les plus menacés de notre territoire.»
Aux yeux de Guy Garand, les mesures compensatoires, actuellement utilisées comme un dédommagement légalement valable, sont inacceptables.