L’administration Demers a beau rejeter la responsabilité sur Québec et la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), l’organisme Sauvons nos trois grandes îles (STGI) lui attribue l’échec de la négociation qui visait l’acquisition des îles Saint-Joseph, Saint-Pierre et aux Vaches.
«La Ville accuse la CMM et le gouvernement, mais il me semble qu’elle a réussi à se piéger elle-même, a commenté la présidente de STGI, Huguette Larochelle. Cet échec m’apparaît comme la conséquence logique de l’incohérence de la Ville. La cause de l’échec est que la Ville n’a pas respecté son engagement initial envers ses partenaires.»
Mme Larochelle en veut pour preuve la décision de fixer la contribution municipale à un maximum de 7 M$, laquelle lui a été communiquée le 19 janvier 2016 lors d’une rencontre avec le maire Demers à l’hôtel de ville.
Ce faisant, la Ville estimait à 21 M$ le coût total d’acquisition des îles Saint-Joseph, Saint-Pierre et aux Vaches, en déduit la citoyenne engagée, considérant l’entente tripartite annoncée 3 mois plus tôt à l’effet que Québec, la CMM et Laval contribueraient à parts égales.
«En avril 2016, le gouvernement et la CMM adhèrent au plan financier de la Ville», poursuit la porte-étendard de l’organisme, précisant que les partenaires s’engagent pour 7 M$ chacun.
Un an et demi plus tard, le 20 septembre 2017, en pleine campagne électorale, la Ville annonce par voie de communiqué qu’elle a conclu une entente de principe avec le propriétaire des îles aux Vaches et Saint-Pierre en vue de leur acquisition pour 21 M$.
«La Ville revient donc sur son engagement à participer à l’acquisition de trois îles», constate Huguette Larochelle, alors qu’il ne reste plus rien pour l’île St-Joseph, la plus menacée des trois.
Rien n’est perdu
Celle qui se bat pour la préservation de l’archipel Saint-François depuis plus de 10 ans garde espoir. «Ce n’est ni le projet de parc de conservation sur les trois grandes îles ni même le projet d’acquisition des îles qui est mort. Ce n’est que la stratégie d’acquisition de la Ville de Laval qui échoue.»
Son groupe en appelle au gouvernement et à la CMM «de prendre en main les négociations avec les propriétaires des trois grandes îles et de réaliser leur acquisition dans les plus brefs délais».
La Ville de défend
Responsable des dossiers touchant l’environnement au comité exécutif, Virginie Dufour soutient qu’en cours de route, la CMM a considéré «la valeur des 3 îles à 45 M$» et «évaluait un scénario d’achat de seulement certaines portions des îles».
Ce qui a amené la Ville à entreprendre des démarches auprès du propriétaire des îles aux Vaches et Saint-Pierre qui couvrent 152 hectares, soit plus de 80 % de la superficie totale des trois îles.
Quant à l’écart de quelque 10 M$ entre l’entente de principe (21 M$) négociée par la Ville et la juste valeur marchande (11,5 M$) établie par Ernst and Young pour le compte de la CMM, Mme Dufour l’explique par le fait que ce mandataire est «une firme comptable» qui, contrairement à la Ville, n’en a «fait qu’une estimation, sans avoir recours à des évaluateurs agréés».
Or, en vertu de l’entente tripartite, Québec et la CMM ont réservé 3,8 M$ chacun, soit près de 7,7 M$ correspondant aux deux tiers de la juste valeur marchande déterminée par Ernst and Young.
Résultat, Laval se retrouvait avec une facture de 13,3 M$ à régler, ce qui a fait avorter l’entente de principe.
Enfin, Virginie Dufour réplique à la ministre régionale, Francine Charbonneau, qui affirmait au printemps dernier que l’île Saint-Joseph représente «le gros morceau» à acquérir de l’archipel Saint-François. «C’est plutôt l’île aux Vaches qui est la plus urgente à protéger de par sa biodiversité et ses écosystèmes uniques. Elle est l’île ayant la plus grande valeur écologique, alors que l’île Saint-Joseph est déjà habitée.»