Analyses de coûts déficientes, requêtes citoyennes sans réponse, insuffisance de données sur les actifs, manque de clarté dans les rôles et responsabilités, information insuffisante fournie aux décideurs, la vérificatrice générale de Laval, Véronique Boily, a déposé un rapport sévère à l’endroit de l’administration de la Ville, lors du dernier conseil municipal.
Pour cet exercice annuel portant sur 2019, Véronique Boily indique avoir porté un regard objectif et indépendant sur la performance de la Ville, fiabilité des états financiers et conformité aux lois et règlements de la Ville, ainsi que des entités de son champ de compétences.
En rencontre virtuelle avec les médias, le mercredi 8 juillet, la vérificatrice générale (VG) a émis des conclusions parfois accablantes sur six grandes questions. Ses audits ont abordé la gestion des cours d’eau et entretien des ouvrages de gestion des eaux pluviales; les transactions immobilières; la gestion contractuelle à la Société de transport de Laval (STL); sécurité de l’information numérique; l’entretien et la réparation des immeubles; le traitement des élus municipaux.
«Nous accueillons favorablement le rapport et nous saluons sa qualité, d’affirmer Valérie Sauvé, porte-parole au cabinet du maire Marc Demers. Cet exercice annuel nous permet de soulever des pistes d’amélioration dans nos façons de faire et processus. Le maire répète souvent d’ailleurs que la VG est un peu les yeux et les oreilles du conseil.»
D’aucuns soulignerons que le maire Demers a d’ailleurs alloué des pouvoirs accrus à la VG au début de son premier mandat, en 2013-2014.
«Ce quatrième rapport, produit depuis mon entrée en fonction, met en lumière des problématiques communes qui émergent de l’analyse des divers sujets audités à la Ville»
– Véronique Boily, vérificatrice générale de Laval
Eaux vives et pluviales
D’entrée de jeu, Véronique Boily déplore qu’encore aujourd’hui, la Ville n’a toujours pas défini les rôles des services municipaux de manière à assumer efficacement ses responsabilités en matière de gestion de cours d’eau et gestion des eaux pluviales (OGEP).
Rarement pour ne pas dire jamais proactive dans le domaine, Laval agit simplement en réaction aux demandes et exigences formulées par le ministère ou des citoyens, ces derniers faisant souvent face à des «délais déraisonnables».
«Les coûts des ouvrages ne sont ni évalués ni considérés dans la prise de décision et ils ne sont pas budgétés», ajoute Mme Boily, une observation semblant convenir à l’ensemble de ses audits de performance.
Immobilier
La VG se fait plus cinglante envers la manière que la Ville aborde son parc immobilier. L’analyse a porté sur 6 acquisitions de gré à gré d’actifs immobiliers (47,5 M$), d’une disposition par appel d’offres public (2,7 M$), et d’une disposition de gré à gré (0,48 M$).
Le manque de planification de celles-ci, quatre n’ayant jamais été inscrites au programme triennal d’immobilisations (PTI), a considérablement augmenté leur niveau de risque financier; sans compter une imputabilité plutôt nébuleuse.
Mme Boily porte un regard semblable sur la gestion des 372 immeubles appartenant à la Ville de Laval. «La Ville ne dispose pas d’un inventaire complet des composantes de ses immeubles ni de la localisation de ces dernières, ce qui ne lui permet pas d’optimiser les travaux d’entretien préventif et correctif», dit-elle dans son rapport.
STL et sécurité informatique
Si Laval obtient une excellente note dans la rémunération accordée à ses élus, la STL devra cependant améliorer ses processus dans sa gestion contractuelle dont plusieurs lacunes ont été mises en lumière par la VG.
Quant à la sécurité informatique, Véronique Boily reconnaît les efforts dans la mise en œuvre d’un plan et d’actions en matière de cybersécurité, tout en recommandant que la Ville entreprenne vite une meilleure sensibilisation de ses employés quant à l’utilisation des technologies de l’information.
L’opposition s’inquiète
Au lendemain du dépôt de ce rapport, le chef de l’Opposition officielle Michel Trottier, a aussitôt dénoncer ce qu’il considère comme une gestion déficiente et un manque de transparence de la part de la Ville et de l’équipe au pouvoir.
«Plus encore, dans son rapport accablant, la vérificatrice générale déplore que, dans la moitié des dossiers étudiés, les informations transmises aux élus sont insuffisantes à une prise de décision éclairée», est-il mentionné dans une communication rendue publique.
«Les personnes qui siègent à la plus haute instance de décision de la ville devraient avoir entre les mains toute l’information pertinente et nécessaire à leur compréhension de l’enjeu présenté», de déclarer le chef du Parti Laval, Michel Trottier, via communiqué.
«Les conseillers municipaux sont non seulement privés d’informations essentielles, mais ils doivent voter sur des acquisitions non planifiées et mal documentées», de renchérir le conseiller de Fabreville, Claude Larochelle.