Héma-Québec estime que ses banques de sang sont actuellement à un niveau jugé préoccupant.
Il suffirait d’un arrêt d’approvisionnement de quelques jours pour que la situation bascule et que la demande excède l’offre, pour paraphraser Laurent-Paul Ménard, directeur de relations publiques chez Héma-Québec
«On voit que les réserves commencent à baisser, commente Martine Cossette, infirmière auxiliaire conseillère au département des critères chez Héma-Québec, région de Montréal. C’est sûr que le groupe O négatif, donneur universel, est toujours utilisé en dernier recours. Cependant, il faut toujours en avoir une quantité en réserve.»
Si la réserve de O négatif est toujours utilisée en dernier recours, il reste qu’il s’agit d’un sauf-conduit essentiel en cas de doute, continue Mme Cossette.
Lors d’une urgence, comme une opération, ou encore, un accidenté gravement blessé, il peut arriver qu’une personne rejette son propre groupe sanguin. Cette situation nécessite alors une action rapide.
«Si, par exemple, j’ai un patient de groupe A positif qui a besoin d’une transfusion, je vais privilégier le A positif. Seulement, si pour une raison ou une autre, il n’est pas compatible avec le sang A positif dont nous disposons, le personnel hospitalier doit se replier sur le O négatif, qui est donneur universel, explique Martine Cossette. C’est pour cette raison que nous devons garder notre quantité de O négatif élevée.»
Appel à tous
«Les personnes de groupe O négatif représentent 6% de la population, de poursuivre Laurent-Paul Ménard, directeur des relations publiques chez Héma-Québec. Ce même groupe sanguin représente 13% de la demande dans les hôpitaux. Au Québec, seulement 4 personnes sur 10 connaissent leur groupe sanguin. Alors, l’appel que nous avons lancé pour donner du sang s’adresse à tous ces gens.»
En lançant un appel général, Héma-Québec espère donc toucher toutes les personnes qui n’ont jamais fait de don de sang, dont les 60% qui ne connaissent pas leur identité sérologique.
Notons que si Héma-Québec a été en mesure de répondre à la demande de sang des hôpitaux du Québec ces deux dernières années de pandémie, c’est majoritairement grâce aux personnes déjà sensibilisées au don de sang.
Laurent-Paul Ménard espère maintenant aller chercher les gens qui n’ont jamais fait de don, car advenant un incident majeur, question de renflouer plus sécuritairement des stocks qui pourraient se vider rapidement.
«On a surtout besoin de nouvelles personnes, les personnes qui n’ont pas été atteintes par nos appels par le passé, répète M. Ménard. Lorsqu’on dit chez Héma-Québec que la situation est préoccupante, cela veut dire que nous sommes sur un fil de fer. Cette situation fait en sorte que nous devons avertir les centres hospitaliers pour qu’ils gèrent leur stock avec précaution.»
Or, si Laurent-Paul Ménard se veut rassurant en rappelant que dans l’état actuel des choses, Héma-Québec peut assurer sans perturbation l’approvisionnement du réseau de santé, il tire tout de même la sonnette d’alarme.
Selon lui, si pour une raison quelconque, l’organisme ne pouvait plus recueillir les dons de sang, il suffirait de trois jours pour que la banque de sang ne puisse plus fournir adéquatement le réseau de santé. «On est correct, mais on ne peut pas manquer notre coup», souligne-t-il.
Au CISSS de Laval
Invité à s’exprimer sur le déroulement de leurs services, le CISSS de Laval affirme ne pas être impacté par la situation dans laquelle se trouve Héma-Québec, pour l’instant.
«Le Centre intégré de santé et de services sociaux de Laval utilise judicieusement et pertinemment les produits sanguins envoyés par Héma-Québec en appliquant des règles rigoureuses d’utilisation, observe Marie-Eve Despatie-Gagnon, du service des communications au CISSS de Laval. La banque de sang de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé possède actuellement des stocks normaux en kilos sanguins. Les activités au bloc opératoire n’ont pas été affectées par l’annonce de la réserve basse chez Héma-Québec.»
Fait à souligner, selon les chiffres d’Héma-Québec, 25% des personnes interrogées lors d’un sondage, affirment avoir l’intention de faire un don de sang. Dans la réalité, toujours d’après le sondage de l’organisme, seulement 4% le feront réellement.
Pour ceux qui désire donner du sang, en plus du centre Globule de Laval, qui accueille les donneurs du lundi au dimanche au Centre Laval du boulevard Le Corbusier; il y aura des collectes de sang supplémentaires le mercredi 9 novembre au centre communautaire Auteuil et au Collège de Laval; ainsi que les 23 et 24 novembre au Collège Montmorency.