Lors des échanges précédant le vote sur le budget 2019, adopté le 12 décembre à 14 voix contre 6, le conseiller de l’opposition officielle, Claude Larochelle, a cité en exemple le cas de la Ville de Québec.
Deux jours plus tôt, le maire Régis Labeaume avait déposé son budget et annoncé qu’il limiterait «dorénavant la hausse de taxes selon l’inflation réelle pour tous les propriétaires d’immeubles résidentiels et non résidentiels».
Exactement ce que propose depuis trois semaines le Parti Laval, qui reproche à l’administration Demers de tromper les Lavallois en prétendant limiter la hausse des taxes municipales au niveau de l’inflation.
20 M$ en trop-perçus
Au cours des 4 dernières années, le compte de taxes moyen a crû de 8,2 % pendant que l’indice des prix à la consommation (IPC) n’augmentait que de 5,1 %, dénonce l’opposition.
Cet écart combiné de 3,1 points de pourcentage résulte de la différence entre les prévisions de l’inflation et la hausse réelle de l’IPC. Il s’en est dégagé un trop-perçu de plus de 20 M$ dans les poches des contribuables lavallois, a chiffré Claude Larochelle.
«Quand je propose de geler les taxes, c’est pour réduire cet écart, a-t-il fait valoir. On me dit que c’est irresponsable, dangereux et malsain pour les services rendus aux citoyens, que les grandes villes ne font pas ça. C’est faux. La deuxième ville en importance au Québec l’a fait.»
Même qu’au cours des deux années précédentes, la Ville de Québec avait gelé les taxes, précisément pour corriger cette situation et éviter de surtaxer les contribuables de la Vieille Capitale, a rajouté le conseille de Parti Laval.
En clair, le mode d’indexation privilégié à Québec consiste à augmenter le taux en fonction de la variation annuelle de l’IPC de Statistique Canada pour la région métropolitaine de Québec pour l’année se terminant en août 2018. Cette méthode, basée sur la hausse réelle du coût de la vie, évite tout écart entre les prévisions d’inflation et la réalité, signale l’administration Labeaume.
Réaction
Membre du comité exécutif de Ville Laval, Sandra Desmeules a expliqué qu’on ne pouvait comparer les deux villes, Québec affichant «une situation beaucoup plus enviable» que Laval quant à l’état de ses infrastructures.
Sa collègue Virginie Dufour a renchéri en soulignant que «Québec a quand même 14 % de plus d’employés par habitant» et qu’à cet égard, Laval est en mode «rattrapage» pour offrir des services aux citoyens digne d’une ville de son envergure.
Sans l’identifier formellement, elle faisait référence à l’ajout des 147 employés municipaux équivalent temps complet dans le présent budget, ce qui gonflera la masse salariale de 15,3 M$ en 2019.
Par ailleurs, Mme Dufour a signifié que la hausse de taxes de 1,8 % pour les secteurs résidentiel et non résidentiel est «bien raisonnable quand on considère l’inflation réelle des biens que [la Ville] consomme», précisant que ceux-ci «augmentent plus rapidement que le panier d’épicerie».
Pour sa part, le maire Demers a tenu à rappeler les gels de taxes en 2013 et 2014, ajoutant que les infrastructures municipales ont été longtemps négligées.
Quant au reproche de manquer à sa promesse de maintenir la hausse de taxes au niveau de l’IPC, le maire a déclaré: «On s’était engagés à élever les taxes en-deçà de l’indice du coût de la vie projeté parce qu’on fait le budget 2019 en 2018. Donc, on va savoir le coût de la vie 2019 à la fin 2019 et si, au fil des ans, on a besoin de réajuster, on va réajuster.»