Gill était toutefois en attente d’un pistolet de marque Bull qu’il avait commandé, quelques semaines plus tôt. L’arme n’ayant toujours pas été reçue, il a décidé de repousser son offensive.
C’est l’une des nouvelles informations qui ressortent du rapport du coroner Jacques Ramsay, rendu public cette semaine.
Plus loin, on apprend que «le 26 août, ayant renoncé au pistolet, il écrit [sur son site personnel] qu’il est pratiquement prêt. Il ne lui reste qu’à se procurer un peu plus de munitions.»
Gill trouvait également qu’il était très difficile d’organiser sa tuerie sans se faire prendre par les membres de sa famille. «Il lui faut constamment cacher son matériel et ses écrits des regards curieux», peut-on lire.
Il va même jusqu’à écrire que si ses parents s’avisaient de gêner la réalisation de ses plans, il était prêt à les tuer.
Le matin de la tuerie, le 13 septembre 2006, il était assoupi dans sa chambre lorsque sa mère a quitté le domicile familial.
C’est à son retour qu’elle a constaté qu’il n’était plus dans sa chambre, que sa voiture n’était plus dans la cour (même si son permis de conduire avait été suspendu quelques mois plus tôt) et que son arme avait disparu.
Quelques minutes plus tard, c’est l’appel d’un journaliste qui a permis à sa mère et sa famille d’apprendre que Kimveer était l’auteur de la fusillade de Dawson.
Alcoolique
Considéré comme un jeune homme en bonne condition physique, Kimveer Gill souffrait de problèmes d’alcoolisme depuis l’âge de 18 ans.
Il variait entre deux et sept consommations par jour, question de l’aider avec son anxiété constante.
Le rapport du coroner le décrit comme une personne hypersensible, très introvertie, et qui s’isole facilement.
En mars 2004, il avait d’ailleurs consulté un CLSC près de chez lui pour une humeur dépressive et des idées suicidaires. Il songeait même à se jeter devant un camion.
Après quelques rencontres avec un médecin, celui-ci en est venu à la conclusion que l’anxiété de Gill était causée par l’alcool, et qu’il devrait entrer en contact avec le Centre Le Maillon, situé sur le boulevard Cartier, à Laval, une recommandation qui a été négligée par le jeune homme.
Selon sa famille, Kimveer Gill a vécu de façon récluse au cours des sept ou huit derniers mois de son existence, passant le plus clair de ses soirées et ses nuits devant l’ordinateur, seul dans sa chambre avec la porte fermée. «Il ne parle pratiquement plus à ses frères ou ses parents et a complètement cessé de fréquenter ses amis, indique le rapport du coroner. Malgré tout, il n’a pas de chicane avec personne. Il est par contre très triste. Son frère ne se souvient pas de la dernière fois qu’il a paru joyeux.»
Après que Gill se soit donné la mort, le 13 septembre 2006, les analyses post-mortem ont montré un taux d’alcool dans le sang de 76 mg/dL. Outre l’alcool, le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale n’a trouvé aucune trace de drogue.
Le rapport du coroner a aussi permis d’envoyer une série de recommandations à l’endroit de plusieurs instances, dont le Contrôleur des armes à feu du Québec, le Commissaire aux armes à feu du Canada, le ministre de la Sécurité publique, le Service de police de Ville de Montréal, ainsi qu’aux écoles, cégeps et universités du Québec.