«La fin définitive du Publisac privera la presque totalité des propriétaires d’hebdomadaires indépendants regroupant 115 journaux de leur mode de distribution porte-à-porte, un modèle d’affaires depuis des décennies», d’affirmer Martin Olivier, président de 2M.Media, propriétaire du Courrier Laval.
Ce vendredi 3 novembre, TC Transcontinental a annoncé mettre fin à l’un de ses produits phares: le Publisac. Ce retrait se fera progressivement de février à mai 2024.
«Après analyse, plusieurs options de distribution s’offrent à nous mais celles-ci sont très onéreuses comparativement à notre modèle d’affaires actuel», confie Martin Olivier.
Bien que le Courrier Laval a entamé un grand virage numérique depuis plusieurs années et «que nos audiences sont nombreuses et au rendez-vous, il n’en demeure pas moins que nos revenus demeurent à ce jour majoritairement en provenance de nos médias traditionnels», précise M. Olivier.
Aide gouvernementale souhaitée
Parmi les pistes de solution évoquées par la direction de 2M.Media, la plus viable à court terme qui permettrait d’éviter la disparition de nombreux médias régionaux, serait que «l’honorable Pascale St-Onge, ministre du Patrimoine canadien négocie une tarification avantageuse avec Postes Canada pour la distribution des hebdos à travers le Québec, exprime avec fermeté le président de 2M.Media. L’intervention des gouvernements et de nos élus est plus que jamais nécessaire pour mettre fin à l’hécatombe.»
Pendant que l’industrie se bat pour sa survie, que les annonceurs d’ici déplacent massivement leurs placements publicitaires vers les plateformes numériques étrangères, les différents paliers de gouvernements doivent mettre en place rapidement un train de mesures fiscales pour faciliter à la fois la transition vers le numérique et le développement de nouveaux modèles d’affaires, croit fermement la direction de 2M.Media.
Là pour rester
«Laval, étant la 3e plus grande ville du Québec, nous nous devons de conserver notre journal pour maintenir la démocratie et rejoindre la population malgré la forte baisse de nos revenus publicitaires locaux et régionaux. À l’aube de nos 79 ans, nous tenons à rassurer notre lectorat et nos annonceurs que la direction du Courrier Laval ira de l’avant avec un plan d’action immédiat afin de s’assurer de la survie du journal», d’ajouter Martin Olivier.
Disparition annoncée
Rappelons que depuis 2019, des villes comme Mirabel et Montréal s’étaient attaquées à ce modèle de distribution afin de réduire leur empreinte écologique, plusieurs autres municipalités les ont imité jusqu’ici, alors qu’à Laval, un projet de règlement est actuellement à l’étude.
Après d’être lancé dans la distribution de circulaires de porte à porte en 1978, c’est en 1986 que TC Transcontinental avait créé le produit Publisac, regroupant des circulaires commerciales, ainsi que des hebdomadaires locaux dont le Courrier Laval, dans un seul sac livré à plus de 3,5 millions de foyers québécois.
Parmi les raisons ayant mené à cette décision, mentionnons la perte de revenus reliée à la fermeture de journaux, particulièrement sur l’île de Montréal chez Métromédia, la baisse du nombre de circulaires insérées dans Publisac, sans compter l’explosion des coûts liés à l’inflation tel l’essence, la hausse du salaire minimum et le manque de main-d’œuvre.
raddarMC et médias locaux
Notons que TC Transcontinental avait convoqué l’ensemble du personnel de Publisac pour lui annoncer la mauvaise nouvelle en fin d’après-midi le jeudi 2 novembre.
Avec la disparition de Publisac, l’entreprise a annoncé le déploiement de raddarMC, un feuillet plié en quatre qui combine les circulaires de plusieurs détaillants en un seul produit imprimé, à travers le Québec ainsi que dans certaines régions de l’Ontario et de la Colombie-Britannique.
La Société en a fait l’annonce officielle via communiqué dans la matinée du vendredi 3 novembre.
«Toutefois, nous regrettons les répercussions de la fin du Publisac sur plusieurs journaux hebdomadaires ainsi que sur nos partenaires distributeurs, a notamment déclaré Patrick Brayley, vice-président principal, TC Imprimeries Transcontinental, par voie de communiqué. Compte tenu des changements réglementaires récents et prévus en matière de distribution et de leurs contrecoups sur les plans opérationnel et financier, le modèle du Publisac se devait d’évoluer.»
Partenaire de longue date des journaux locaux, TC Transcontinental affirme qu’elle contribuera à promouvoir leur présence dans leurs communautés ainsi que leurs sites numériques, en leur offrant une page gratuite dans raddarMC et une visibilité sur raddar.ca.
L’entreprise ajoute qu’entre février et mai 2024, raddarMC sera déployé progressivement dans toute la province de Québec, en remplacement du Publisac.
Ce sont ainsi 2,8 millions de foyers qui s’ajouteront au million d’exemplaires de raddarMC déjà distribués dans la grande région de Montréal.