Le 8 novembre, la pharmacie Jean Coutu située au 2065, boulevard des Laurentides, à Vimont, a fermé ses portes sans avertissement.
Une feuille collée dans la porte attendait les clients ce mardi matin: seule indication d’une situation hors de l’ordinaire, exceptée la porte fermée à clé.
L’affiche, provenant de l’Ordre des pharmaciens du Québec, indique que les dossiers des patients du pharmacien Luigi Villaggi sont désormais en possession des pharmaciens Émilie Larivière et Jean-Michel Dubeau.
Les patients devront désormais faire affaire avec la filiale localisée deux kilomètres plus loin sur le boulevard René-Laennec.
Étonnement
Bien que les dossiers de santé soient transférés au sein d’une autre pharmacie à proximité, cette décision occasionnera certains problèmes aux patients, particulièrement ceux qui ne peuvent pas conduire pour s’y rendre.
La pharmacie ayant fermé ses portes sans avertir les patients, plusieurs doivent maintenant réorienter leur façon de faire rapidement pour avoir accès à leurs médicaments.
« Nous estimons beaucoup le groupe Jean Coutu dans notre famille et nous nous expliquons mal la présente situation, témoigne Dominique Palardy, ex-cliente de la pharmacie. C’est du jamais vu dans l’histoire de l’entreprise. Par le fait même, j’estime énormément M. Villaggi qui a été présent pour moi toute ma vie de patiente. C’est un extraordinaire pharmacien très présent pour sa clientèle. »
Tous les clients rencontrés par le Courrier Laval tiennent un discours semblable: ils ne comprennent pas la situation actuelle et n’ont que de bons mots positifs envers M. Villaggi.
Explications
De son côté, le Groupe Jean Coutu a confirmé que le dossier est judiciarisé. Les questions envoyées par le Courrier n’avaient pas encore reçu de réponses au moment d’écrire ces lignes.
Les raisons officielles derrière cette fermeture demeurent donc un mystère pour le moment. La pharmacie n’est plus affichée sur le site web de l’entreprise, comme si elle s’était volatilisée du jour au lendemain.
« Après toutes ces années de travail, dévouement et d’acharnement, mon père se fait expulser de sa pharmacie et tous ses employés sont mis à pied, affirme Andrea Villaggi, fille du pharmacien propriétaire, par le biais de son profil Facebook. En moins de quelques heures, plus de 30 années de travail ont été détruites. »
Deux agents de sécurité de l’Agence Maxi Sécurité ont eu le mandat de surveiller la devanture de la pharmacie depuis le jeudi 10 novembre. Il y aurait apparemment eu une grève ce jour-là qui justifierait la présence de surveillance accrue.
Depuis la fermeture subite du commerce, la pharmacie prenant la relève est débordée. En plus d’être dotée d’un espace plus restreint, les employés y travaillant ont l’air débordés, les rayons de médicaments dévalisés et les lignes d’attente s’allongent.
Hypothèses
Notons que le bureau postal de la succursale de Vimont a été déplacé vers celle du boulevard René-Laennec à l’été 2022 selon plusieurs clients. Ce transfert illustrait-il une fermeture préméditée?
Le 9 septembre 2022, l’Ordre des pharmaciens du Québec publiait un avis de suspension pour non-conformité au Règlement sur la formation continue obligatoire des pharmaciens où le nom de Luigi Villaggi figure. Est-ce que cette suspension justifie la fermeture de l’établissement alors qu’il y avait toujours un pharmacien apte à pratiquer en poste en tout temps?
Ce n’est pas la première fois que M. Villaggi et le Groupe Jean Coutu sont au cœur d’une affaire judiciarisée. Effectivement, le propriétaire de la franchise de Vimont a poursuivi l’entreprise pour que celle-ci cesse d’inciter les clients de sa pharmacie à aller acheter sur son site web. Jean Coutu fut notamment accusé d’amasser les données personnelles des clients qui visitaient son commerce, puis d’utiliser ces données pour le concurrencer via le commerce en ligne.
Ainsi, cette fermeture du commerce pourrait possiblement être un règlement de comptes déguisé.