Le pharmacien propriétaire du Jean Coutu de Vimont ayant fermé mystérieusement ses portes la semaine dernière, Luigi Villaggi, savait son commerce en péril depuis février 2021.
Le 10 février 2021, Luigi Villaggi avait été avisé par le Groupe Jean Coutu que l’entreprise ne renouvellerait ni le contrat de sous-location des locaux de la pharmacie, ni le contrat de franchise.
Si le franchisé ne quittait pas les lieux à temps, soit pour le 31 octobre 2022, date fixée par Jean Coutu, une conséquence s’imposait: l’expulsion.
Même si, à l’époque, le propriétaire lavallois souhaitait quitter les lieux avant la fin du mois d’octobre et vendre la pharmacie, force est de constater qu’aujourd’hui, il a eu le temps de changer d’avis.
Lourdes procédures judiciaires
En plus de la poursuite de 2017, M. Villaggi a également reproché à Jean Coutu en septembre 2021 d’avoir enfreint le contrat de franchise.
Ledit contrat décrit l’octroi à M. Villaggi d’un territoire exclusif protégé. En d’autres mots, aucune autre succursale Jean Coutu ne pouvait s’établir dans à cet endroit.
Ce territoire était délimité par le boulevard René-Laennec. Or, une autre pharmacie s’y est établie, mais «de l’autre côté de la rue».
Le pharmacien demandait la désaffiliation de cet autre commerce dont l’existence, selon lui, contrevenait à son contrat et qui lui faisait directement concurrence.
À l’époque, le juge a qualifié la demande d’« irrecevable et abusive » et n’a donc pas accédé à la demande de M. Villaggi.
Le 4 novembre 2022, M. Villaggi a appelé de la décision dans une ultime tentative judiciaire de sauver son commerce qui est actif à Laval depuis plus de 30 ans.
Grandement apprécié de sa clientèle, le pharmacien a plaidé un argument double composé d’objets administratifs liés au bail, mais surtout, le préjudice que causerait la fermeture de la pharmacie aux patients.
Le dossier a été jugé incomplet et le jugement porté le 18 octobre dernier intimait au propriétaire de respecter l’obligation maintenue de délaisser les lieux.
Et les employés?
Sous le couvert de l’anonymat, une ancienne employée de la pharmacie a témoigné que les employés présents le 8 novembre se sont fait escortés brutalement à l’extérieur par des huissiers. Aucun justificatif n’a été reçu de la part de Jean-Coutu ce jour-là.
Depuis, l’entreprise reste silencieuse et le service des ressources humaines refuse de répondre aux questions des employés et de leur fournir une cessation d’emploi.
« Le Groupe Jean Coutu aurait dû prendre en charge les employés et donner de l’aide psychologique au besoin, surtout en raison de la façon dont nous avons été traités, affirme Andrea Villaggi, ex-employée de la succursale et fille du propriétaire, sur son compte Facebook. [Ils auraient pu] nous relocaliser ailleurs, s’excuser de la situation, mais non, au contraire, aucune explication n’a été fournie, seulement un traitement sauvage et injustifié envers les employés. »
« Nous comprenons que la situation soit difficile pour les employés de M. Villaggi, de déclarer le Groupe Jean Coutu au Courrier Laval dans un courriel. Bien que nous ne soyons pas l’employeur, nous continuons à demeurer disponible pour aider M. Villaggi s’il le désire. Nous espérons et faisons tout pour que la situation revienne à la normale le plus tôt possible pour les patients et les employés. »