Collaboration spéciale de Jonathan Brien. Ce dimanche 22 août marque le 16e anniversaire d’un accident tragique dans la petite histoire des fait divers à Laval. À la fin de l’été exceptionnellement chaud de 2005, l’histoire insolite de deux danseurs américains tombés au fond d’une carrière de Vimont alors qu’ils fuyaient un chauffeur de taxi lancé à leur poursuite avait fait les manchettes.
À l’époque, l’affaire avait attiré l’attention de trois corps de police. Non seulement le Service de police de Laval, mais aussi la police de Californie, l’état américain où résidaient les victimes, ainsi que le FBI, qui avaient tous enquêté sur cette nébuleuse histoire.
Portés disparus depuis 11 jours, les corps de Mark Kraynak et Steve Wright ont été retrouvés le 1er septembre 2005 sur une corniche de la carrière Demix située sur le boulevard Saint-Martin Est, tous juste à l’ouest de la rue Notre-Dame-de-Fatima.
Après avoir chuté d’une hauteur de 17 mètres, soit l’équivalent d’un édifice de cinq étages, les victimes n’avaient eu aucune chance.
Caméra de surveillance
La dernière fois où ils avaient été vus vivants, les deux danseurs érotiques, qui travaillaient à Toronto pour l’été, mais étaient venus en escapade à Montréal, sortaient d’un bar du centre-ville montréalais, sur la rue Crescent.
Ils étaient alors montés dans un taxi pour se rendre au bar Red Lite Afterhours, une boite de nuit de Vimont, à près de 300 mètres du lieu de la découverte de leurs corps.
Selon les policiers, les victimes auraient refusé de payer la course de 50$ et auraient pris la fuite. Une caméra de surveillance du bar a capté les images des deux hommes poursuivis par un taxi.
Conditions météo
La police a conclu que les victimes auraient escaladé la clôture entourant la carrière ou elles sont simplement passées à travers une brèche.
Puis, les deux jeunes Américains auraient couru dans le noir et se seraient précipités par accident dans le vide pour s’écraser une cinquantaine de pieds plus bas.
Selon les médias américains, cette théorie a été contestée par les proches des victimes. Une question demeure. Comment se fait-il que les deux hommes, qu’on peut voir sur les images de surveillance «courir pour leur vie», comme l’a déclaré la mère d’une des victimes, n’ont pas vu qu’ils courraient vers la mort? Une explication plausible tiendrait dans les conditions météorologiques du moment.
Bonne visibilité
Au moment de l’accident, la visibilité nocturne était bonne. La pleine lune avait eu lieu deux nuits plus tôt. On voyait donc bien dans l’obscurité.
Les relevés indiquent que le ciel était dégagé et que la visibilité excellente à l’aéroport de Dorval-Trudeau. Mais voilà, Montréal n’est pas Laval au niveau météorologique, informe le météorologue de carrière Gilles Brien.
«Les observations montrent que l’humidité relative a augmenté rapidement, explique le spécialiste lavallois qui connaît bien le climat de sa ville, en détaillant la météo de cette nuit-là. Des bancs de brouillard locaux se sont ainsi formés. L’air était saturé. La topographie aurait aussi été un facteur important. De l’autre coté de la clôture, la dénivellation est rapide sur une vingtaine de pieds (de sept à huit mètres) avant le gouffre.»
Héros ou zéros?
Les médias sociaux et lignes ouvertes de l’époque avaient pris position contre les victimes qui s’étaient apparemment elles-mêmes mises dans le pétrin.
Or, les deux hommes étaient des personnes respectables et appréciées par leur entourage. Mark Kraynak avait fait la guerre en Irak et avait été décoré de la Purple Heart, la plus haute distinction militaire américaine.
Comme il n’y a aucune preuve pour supporter toute autre explication qu’un bête accident, tout autre scénario reste du domaine des spéculations, affirme le coroner dans son rapport.
Rappelons surtout que détail intriguant, le conducteur du taxi n’a jamais été retrouvé par la police. En mai 2007, un chauffeur de taxi retrouvé pendu chez lui a alimenté la rumeur selon laquelle ce dernier aurait été la personne ayant conduit les deux danseurs à Laval durant cette nuit funeste.
Toutefois, il est important de souligner que cette hypothèse n’a jamais été confirmée.