Sauvé in extremis en 2018 d’un développement de tours d’habitation qui l’aurait amputé de plus de la moitié de sa superficie, le boisé du Trait-Carré accueillera une école primaire afin de répondre à la croissance de la clientèle du Centre de services scolaire de Laval dans le district Laval-des-Rapides.
Voilà six mois que cette option, mise au jour en juillet dernier par l’ex-conseiller municipal du secteur, Pierre Anthian, retenait l’attention à la période de question citoyennes des assemblées du conseil municipal.
Interpellé pour une 6e séance consécutive par cet ancien collègue et grand défenseur de cet îlot de fraicheur du centre-ville, le maire Stéphane Boyer a confirmé la nouvelle le 10 janvier dernier.
«C’est une belle opportunité de pouvoir faire grandir des enfants dans un milieu entouré de nature», a-t-il d’abord déclaré avant d’ajouter que de tous les terrains analysés, celui du boisé du Trait-Carré s’est révélé «pas mal la seule alternative» possible.
Décision irrévocable
En entrevue au Courrier Laval, l’élu de Laval-des-Rapides, Alexandre Warnet, affirmait l’irrévocabilité de cette décision, le lendemain.
Cela dit, il s’agit d’un «projet très excitant», fait valoir celui qui est également responsable de l’environnement et de la transition écologique au comité exécutif. Il est d’avis qu’«une école collée à un espace naturel aménagé [une consultation quant à l’aménagement du boisé sera annoncée sous peu] est une opportunité extraordinaire pour la pédagogie axée sur la nature et la sensibilisation des enfants à l’environnement».
À cet égard, M. Warnet rappelle la disposition de la Loi 40 qui contraint les Municipalités à céder gratuitement les terrains que réquisitionnent les Centres de services scolaire (CSS) pour la construction de nouvelles écoles.
Quand on lui signale que le CSS de Laval était à la recherche d’un terrain à l’est du boulevard Laval (le boisé se trouve à l’ouest), le conseiller municipal rétorque qu’en raison du manque de terrains disponibles, le boisé du Trait-Carré s’est finalement avéré «le site le plus optimal» pour le Centre de services scolaire.
«D’ailleurs, ça ne devrait pas être une surprise pour personne parce que la proposition adoptée en 2018 prévoyait la possibilité d’avoir une école dans ce secteur-là», rappelle-t-il.
15 % du boisé
Si on ne connaît pas encore précisément l’endroit où l’école s’implantera, la récente caractérisation environnementale réalisée par une firme externe favorisera une décision éclairée en ce sens, soutient M. Warnet, soulignant au passage la présence d’espèces envahissantes et une zone sinistrée par l’agrile du frêne qui rendent inégale la valeur écologique de cet espace naturel.
«Ce qui est sûr et certain, c’est qu’on veut absolument limiter l’abattage d’arbres matures et s’assurer que l’impact sur le terrain sera le plus minime possible», poursuit l’élu.
Quant à la superficie sacrifiée, Alexandre Warnet parle d’au-plus 15 %, ce qui se traduit par 1,8 des 12 hectares que couvre ce boisé niché au sud du boulevard Saint-Martin entre les boulevards Laval et de l’Avenir.
Sans consultation
Considérant que la Ville s’apprête à tenir une consultation publique quant à la façon d’aménager le boisé du Trait-Carré, n’aurait-il pas été plus sage de surseoir à la décision le temps de soumettre à la population le projet d’y implanter une école ? D’autant qu’un sondage effectué en 2021 révélait que 80 % des 900 répondants étaient contre toute construction dans le boisé.
M. Warnet explique que cela aurait été contre-productif dans la mesure où il n’y avait pas d’autres options sur la table.
Le même raisonnement s’est appliqué pour les groupes environnementaux qui sont également mis devant le fait accompli, eux qui en 2018 avaient fait campagne tambour battant pour obtenir à l’arraché la préservation intégrale du boisé, et ce, au grand dam de l’administration Demers-Boyer faut-il rappeler.
Malgré tout, Alexandre Warnet croit que cette décision sera bien accueillie par ces organismes, rappelant que la Ville poursuit le même objectif, soit de «créer autour du boisé du Trait-Carré un milieu de vie inspirant dont le citoyens vont être fiers et qui répond aux besoins éducatifs, bien sûr, sociaux et récréatifs».
Incidemment, la consultation publique que l’administration Boyer entend mener au cours du premier trimestre 2023 portera précisément sur l’aménagement de ce boisé pour en faire «un lieu accessible avec des sentiers balisés», précise le principal intéressé. (Autres textes à venir)
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