«Deux jours après l’annonce, on a déjà plusieurs entreprises qui se sont manifestées parce qu’elles sont intéressées par les travailleurs d’entrepôt qui représentent pour eux de la main-d’œuvre hautement qualifiée», commente Roxanne Larouche, responsable des communications pour le Syndicat des travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC), quelques jours après l’annonce de la fermeture du centre de distribution Provigo de Laval fin 2021.
Une bonne nouvelle pour les 550 employés du centre de distribution de Provigo qui font partie des 727 travailleurs en entrepôt syndiqués par les TUAC à Laval.
«On est en pleine pénurie de main-d’œuvre, on n’a pas fait les compilations, mais les demandes rentrent de partout auprès des représentants et au bureau syndical. Pour eux, c’est une main-d’œuvre attrayante parce que ce sont des travailleurs qualifiés qui ne requièrent qu’une mise à niveau pour être productifs.»
Pas le cœur à l’ouvrage
«Au lendemain de l’annonce, ça travaillait pas fort dans l’entrepôt, confirme Frédéric Cloutier, qui travaille dans les entrepôts de Provigo depuis 25 ans. Les employés étaient tous découragés. À l’heure du midi, ils regardaient les offres d’emploi sur leur cellulaire.»
Cependant, la représentante syndicale affirme que «les employés auront intérêt à ne pas partir tout de suite s’ils veulent avoir la prime de départ. C’est préférable d’attendre de voir ce qu’on peut aller chercher.»
«En ce moment, on fait la comparaison des agendas et on boucle des dates pour tout faire dans un délai raisonnable. On va travailler fort pour que l’entente soit à la hauteur des travailleurs.»
Conditions actuelles
Les employés de 55 ans et plus avec un minimum de 25 ans d’expérience pourraient bénéficier de primes de départ pouvant atteindre 75 000 $.
«On se dit qu’il y a entre 50 et 70 personnes qui seront sujet à la retraite d’ici deux ans, affirme Frédéric Cloutier. Quant à ceux âgés de 45 ans, ils espèrent partir à Boucherville pour terminer leur carrière là-bas.»
Du côté du syndicat, on affirme «qu’il serait difficile d’aller chercher les mêmes salaires ailleurs pour ceux qui ont beaucoup d’années d’ancienneté.»
«Depuis trois ans, ils ont ajouté un système de bonis. Si tu travailles à 125 % de ton rendement, tu es payé à 125 % de ton taux horaire, raconte Frédéric Cloutier, âgé de 45 ans. C’est pour cette raison que les gens qui performent ici à l’entrepôt peuvent faire 70 000 $ par année. Ceux qui font du temp supplémentaire peuvent même atteindre un salaire de 80 000 $ ou plus.»
Déclin pour l’industrie
M. Cloutier ajoute que le déclin des entrepôts au Québec a commencé au début des années 2000 quand l’ex-premier ministre Jean Charest a aboli la loi qui empêchait le transfert en quantité industrielle des caisses de nourriture à l’extérieur de la province.
«En 1995, quand j’ai commencé chez Provigo, il y avait 10 entrepôts au Québec dont ceux de Trois-Rivières, Québec, Sherbrooke et autres.»
Le transfert de l’entrepôt à Cornwall, en Ontario, amène aussi d’autres questionnements auprès des employés qui se posent de nombreuses questions quant à l’importance de ce centre de distribution pour la ville de Laval.
«Il ne faut pas oublier qu’à chaque semaine, les caisses brisées ou abîmées, mais consommables sont envoyées dans les organismes de charité, explique Frédéric Cloutier. On parle d’une dizaine de palettes par semaine qui ne seront plus envoyées aux organismes à Laval et Montréal.»
De même, «lors de la crise du verglas en 1998, l’armée est venue chercher ici des poches de sel pour faire face à l’urgence climatique. Si jamais la Ville a besoin d’eau ou du sel en quantité, elle va devoir aller le chercher plus loin.»