Pour la deuxième fois depuis 2008, l’entrepreneur propriétaire du 82, boulevard Sainte-Rose est retourné à sa table à dessin pour retoucher son projet de condominiums, en réponse à l’opposition de citoyens. La nouvelle mouture serait dévoilée d’ici la fin mars.
Vingt-deux unités, deux immeubles. Un premier, à trois étages, donnerait sur le boulevard Sainte-Rose, à l’emplacement de la maison portant le numéro 82, qui serait détruite. Le second s’élèverait en retrait, dans le champ de vision des résidents de la rue Taillefer, au sud du boulevard Sainte-Rose.
«Gros»
C’est le projet présenté le 6 décembre, aux résidents du voisinage conviés à une réunion d’information, en présence du responsable du projet, Claude Desroches, du conseiller municipal Denis Robillard et d’un représentant du Service de l’urbanisme.
Si cette version est plus modeste que les 48 unités présentées en 2008 par le même promoteur, elle n’a pas conquis la vingtaine de personnes présentes.
«J’ai été sous le choc. Ça va être gros», réagit Hugues Savoie, un citoyen résidant à quelques maisons des futures constructions, qui déplore également la hauteur, amplifiée par une butte, du futur immeuble de trois étages.
M. Savoie a créé, le soir même de la rencontre, l’Association des résidents du Vieux Sainte-Rose et une page Facebook qui comptait, le 20 février, 53 adeptes.
Patrimonial
«Ça dénature le quartier», plaide M. Savoie.
«On veut le plus possible garder l’aspect patrimonial, par le choix des matériaux, par exemple. Mais il faut aussi évoluer vers de nouvelles tendances et exigences», répond le conseiller municipal, Denis Robillard.
La nouvelle tendance: répondre à la croissance de la population en densifiant les quartiers à proximité des transports collectifs, comme le préconise l’approche ÉvoluCité, mise de l’avant par la municipalité.
Les condominiums seraient à peu de distance de la gare Sainte-Rose. «C’est une marche de santé», dit M. Robillard.
Dans son état actuel, le boulevard Sainte-Rose, entre l’avenue des Terrasses et la gare, n’est pas un paradis pour piétons. «Pour le moment, c’est dangereux, j’en suis bien conscient», dit le conseiller, qui mentionne que des travaux et l’ajout de trottoirs dans ce secteur sont planifiés.
Changements
Afin de répondre aux doléances des citoyens, le promoteur examine quelques solutions, indique Denis Robillard.
La hauteur de l’immeuble de façade pourrait se restreindre à deux étages. Afin de préserver l’intimité des résidents de la rue Taillefer, on planterait des connifères. On construirait par ailleurs le second immeuble en angle, pour éviter que les balcons ne donnent sur les propriétés existantes.
Fausses factures
Les réserves exprimées n’ont pas trait qu’à l’aspect physique des futurs condos.
Jean-François Paquet, du Mouvement lavallois, pointe du doigt le promoteur Claude Desroches, qui préside deux entreprises visées par une enquête menée par Revenu Québec et la Sûreté du Québec. Groupe Astra Coffrages et Astra Coffrages auraient pris part, avec sept autres compagnies, à un stratagème de fausse facturation ayant permis d’éluder au total le paiement de 6,5 M$ en taxes, entre 2006 et 2011.
C’est toutefois une autre compagnie, 9192-8721 Québec Inc., pour laquelle M. Desroches agit à titre d’administrateur, qui est propriétaire du 82, Sainte-Rose.
Fait à noter, le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, a affirmé qu’il ne connaissait pas le nom du promoteur, lorsqu’il a été questionné à ce sujet à la séance publique du conseil municipal, le 16 janvier.
En entrevue téléphonique le 20 février, le conseiller Denis Robillard a aussi dit ne pas le connaître. «Si quelqu’un ne paie pas ses impôts, cela ne fait pas de lui un mauvais constructeur», a-t-il commenté, en précisant que dans le cas présent, la Ville n’est pas lié par contrat avec le promoteur.