Des employés de la Ville de Laval auront mis 48 heures avant de déterrer l’arbre planté par les trois partis d’opposition qui réclament un parc urbain aménagé sur le terrain vague destiné à la future grande bibliothèque et un centre de création artistique.
La banderole qui accompagnait le jeune arbre a également écopé, étant enlevée par les Travaux publics de Laval.
(Vidéo gracieuseté)
Cet espace gazonné jouxtant le Collège Letendre, le pavillon de l’Université de Montréal, le complexe résidentiel Urbania et bientôt l’Espace Montmorency, aux abords de la station de métro du même nom, fait l’objet de débats et confrontations depuis plusieurs mois au conseil municipal de la Ville de Laval.
Le 6 juillet, des représentants de Parti Laval, d’Action Laval et Ma ville maintenant avaient procédé à la plantation symbolique d’un arbre, eux qui font pression sur l’administration Boyer pour que ce terrain vague devienne un parc urbain et non pas une construction supplémentaire dans le paysage de ce coin du centre-ville réputé comme l’un des pires îlots de chaleur de la Communauté métropolitaine de Montréal.
Sans autorisation
Or précisons que toute plantation d’arbre dans l’emprise publique doit préalablement faire l’objet d’une autorisation municipale, informe le nouveau chef aux Affaires publiques de la Ville de Laval, Philippe Déry.
De plus, la Ville stipule qu’en vertu du Code civil du Québec, qui prévoit les modalités d’exercice du droit de propriété à ses articles 947 et suivants, qu’en tant que propriétaire du terrain, «la Ville devient propriétaire des arbres qui y sont plantés par les citoyens sans autorisation et est donc libre de les déplacer selon ses besoins opérationnels. »
C’est pourquoi cet arbre a été déterré et déplacé car «dans le cadre d’une étude géotechnique de caractérisation des sols mandatée par le Service de planification et de réalisation de projets (SPRP), des travaux de tranchées exploratoires et de forage étaient prévus sur le site à partir du lundi 10 juillet», de spécifier M. Déry, ajoutant que:
«L’arbre a été planté à l’endroit prévu pour donner accès au site à la machinerie. Il était donc nécessaire de retirer l’arbre puisqu’il y avait un risque de l’endommager lors du passage de la machinerie.»
La Ville indique aussi que cette plantation d’un arbre n’ayant pas été planifiée, il n’y avait donc aucun arrosage prévu pour celui-ci.
L’arbre a été néanmoins replanté à proximité, afin d’agrémenter le site de la Maison des Arts de Laval.
«À ce stade, ce geste ne sera pas sanctionné, mais nous désirons rappeler qu’il est interdit d’intervenir physiquement sans autorisation sur les terrains appartenant à la Ville, ce qui inclus la plantation d’arbre», de conclure Philippe Déry.
Déception chez les oppositions
Au Cabinet de l’opposition officielle, la réponse de la Ville ne surprend guère, affirmant qu’on n’a pas demandé d’autorisation de plantation, sachant que celle-ci serait refusée.
«La Ville peine à faire respecter sa règlementation, de soutenir Claude Larochelle, chef intérimaire de Parti Laval. Pour preuve, en matière de plantation d’arbres, cela a pris près de 20 ans, je dis bien 20 ans, avant que l’administration n’intervienne pour faire respecter l’obligation de planter un arbre en façade des habitations construites depuis 2002! Mais cela aura pris moins de 48 heures avant d’intervenir pour arracher un arbre en pleine santé, planté à un endroit qui ne dérangeait absolument personne.»
Du côté de Ma ville maintenant, via son chef Pierre Anthian, le son de cloche est semblable: «Il faut comprendre que cette plantation sort d’un cadre habituel où il faut une autorisation de la Ville qui aurait dû faire preuve d’un tout petit peu de jugement et savoir que ce geste avait avant tout une haute valeur symbolique.»
Quant à Action Laval et David De Cotis, conseilleur de Saint-Bruno, on déplorait que la population du secteur n’ait jamais été consultée. «L’administration Boyer sacrifie ce dernier terrain vacant du centre-ville pour implanter un monument de béton que personne n’a demandé. Cela ne fait aucun sens», déclarait-il au Courrier Laval.
Pétition en chemin
Mentionnons que ce front commun des trois oppositions vient en appui à l’avis de proposition déposé le 7 juin par Claude Larochelle.
Cet avis sera débattu au conseil municipal de ce mardi 11 juillet, alors que les trois partis comptent déposer une pétition qui aurait recueilli jusqu’ici un minimum de 500 signatures des gens habitant le secteur Montmorency.