La moitié des Lavalloises et Lavallois de moins de 18 ans sont issus de l’immigration.
C’est notamment ce que dévoile le Portrait sociodémographique et de santé 2020 des jeunes lavallois de 0 à 17 ans que la Ville de Laval et le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval ont rendu public plus tôt cette année.
Ce outil, qui s’appuie sur des données sociodémographiques et de santé colligées avant la pandémie de la COVID-19, permet notamment aux décideurs de «posséder des connaissances fines et à jour sur la réalité et les enjeux touchant les jeunes de Laval» et de procéder à la priorisation des actions en matière de jeunesse, alors que les jeunes représentent le cinquième de la population de l’île Jésus.
La Ville soutient également que les informations recueillies serviront à l’élaboration du Plan d’action intégré jeunesse 2021-2025 qui réunit deux démarches municipales concernant les 0 à 17 ans, soit l’accréditation Municipalité amie des enfants (MAE) et le Fonds Place-du-Souvenir (FPS).
Via communiqué, Catherine Robichaud, cheffe de service à la lutte aux inégalités sociales au CISSS de Laval, ajoute qu’«elles contribueront à la mobilisation des partenaires de la communauté autour d’enjeux prioritaires» et qu’il «importe de poursuivre les efforts collectifs contribuant à la réussite éducative et au développement des jeunes lavallois.»
Diversité culturelle et linguistique
Sara Giraldo Lopez s’est installée à Laval avec sa famille le 3 novembre 2017.
Originaire de Colombie, l’adolescente de 12 ans fait partie du 11,9% des jeunes qui appartiennent à la première génération d’immigrants, c’est-à-dire nés à l’extérieur du Canada.
Quant à eux, les jeunes de la deuxième génération représentent 44,3% des Lavalloises et Lavallois entre 0 et 17 ans.
Ainsi, le total de jeunes issus de l’immigration s’élève à 56,2%, une donnée «significative» et largement supérieure à celle du Québec (29,1%).
Par le fait même, la proportion de jeunes relevant d’une minorité visible a augmenté de 16,1 points de pourcentage entre 2006 et 2016, atteignant ainsi 36,6%.
Cette statistique s’explique notamment par le fait que les jeunes immigrantes et immigrants proviennent principalement de l’Asie (31%), l’Afrique (29,4%) et l’Amérique (22%).
Tout comme Sara et ses 4 sœurs, qui ont suivi des cours en arrivant au Québec, 9 jeunes sur 10 peuvent soutenir une conversation en français.
«J’ai appris la langue en seulement trois mois», partage la jeune fille, qui préfère le parler québécois au français parlé en France.
Toutefois, chez les Giraldo Lopez, la langue apprise à la naissance et parlée à la maison, afin «de ne pas oublier notre langue», demeure l’espagnol.
En effet, même si le français demeure la langue maternelle principale des jeunes lavallois, son poids relatif (61,5%) est en baisse au profit des langues non officielles (25,7%) comme l’arabe, l’espagnol, le grec, l’italien et l’arménien.
Enjeux spécifiques
Une analyse territoriale contenue dans le Portrait permet l’ajustement des interventions en fonction des particularités des jeunes et familles qui habitent les différents quartiers de la région lavalloise.
Sur le plan sociodémographique, par exemple, les données rapportées à l’échelle des 14 anciennes municipalités démontrent qu’à Laval-des-Rapides, Pont-Viau et Chomedey, près du cinquième des familles avec enfants mineurs sont à faible revenu.
À l’opposé, les quartiers de Laval-sur-le-lac et d’îles-Laval ne dénombre aucune famille dans cette situation.
À l’échelle du territoire, le revenu annuel médian après impôt des familles s’élève à 74 870$, un revenu supérieur à l’ensemble des familles québécoises (72 727$).
Cette approche révèle également dans quels quartiers la population de jeunes issus de la diversité culturelle se concentre, soit Chomedey (74,8%), Laval-des-Rapides (68,3%) et Pont-Viau (63,3%).
Le Portrait présente aussi une analyse différenciée selon les sexes qui fait ressortir certaines réalités spécifiques aux garçons et aux filles.
Il met notamment en lumière que les filles sont beaucoup plus concernées que les garçons par la détresse psychologique (42,7% contre 19,2%).
Toutefois, leur taux de diplomation est supérieur à celui des garçons (82,7% contre 74,1$).
Selon Carole Charvet, directrice générale du Carrefour d’Intercultures de Laval, les données dont regorge le Portrait sont «indispensables» en terme de développement des services, notamment auprès des jeunes immigrantes et immigrants, dont le poids sociodémographique ne cesse de gagner en importance.