Monique Beaupré parle avec émotion de Gilles Hamel, l’homme qui partageait sa vie depuis trois ans avant que le destin vienne le lui ravir en une journée d’automne.
Le 30 septembre 2006 avait pourtant débuté normalement pour ce couple de Lavallois, qui devait souper avec des amis ce soir-là. «Gilles s’en allait voir sa mère malade dans une résidences pour personnes âgées à Montréal avec son frère (Jean-Pierre) et sa belle-sœur (Sylvie Beaudet), se souvient-elle. Moi, j’étais partie magasiner. Lorsque je suis revenue à la maison, la fille de Gilles, qui était à la maison cette fin de semaine, m’a dit « Papa veut que tu l’appelles ».»
Mme Beaupré a tenté en vain de rejoindre son conjoint, puis son beau-frère. Vers 14h, l’amie qu’elle devait voir en soirée lui téléphone pour lui dire de regarder la télévision «parce qu’il se passe quelque chose».
«Quand j’ai vu ça, je savais tout de suite que c’était eux. C’était à peu près à l’heure où ils devaient passer là. Et ce n’était pas normal que je n’arrive pas à joindre Gilles, il m’appelait tout le temps pour me dire où il allait. Il paraît que j’ai crié dans le téléphone, mais je ne m’en souviens pas…», mentionne Mme Beaupré, ajoutant qu’elle avait demandé à sa fille de venir chez elle pour la soutenir dans cette épreuve.
Questionnée par les policiers
Ce n’est que dans la soirée que Monique Beaupré a pu se rendre sur les lieux de la tragédie, où elle a rejoint son couple d’amis déjà sur place. Les policiers l’ont questionnée après avoir appris son identité et le lien qui l’unissait à Gilles Hamel.
«Je suis ensuite retournée chez moi. Ils ont soulevé le béton dans la nuit et c’est à ce moment-là que le frère de Sylvie (Beaudet) m’a appelée pour me dire que c’était bien eux», dit-elle.
C’est la première fois que Monique Beaupré parle publiquement de ce jour qui a changé sa vie. «Je n’ai jamais accepté de faire d’entrevue, je ne voulais pas vivre ça devant une caméra. J’en ai parlé à des proches et j’ai eu besoin d’aide pour m’en sortir», avoue celle qui craint toujours de circuler sous des viaducs.
Quant aux causes de l’effondrement ou à qui incombe la responsabilité, elle affirme n’avoir jamais eu de rancoeur envers qui que ce soit. «C’est sûr que j’ai été choquée quand j’ai su que des morceaux étaient tombés un peu avant et que rien n’a été fait. Mais ça ne ramène pas les personnes décédées…»
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