«Ça prend un continuum d’intervention à tous les niveaux envers les victimes et agresseurs, d’affirmer Carol Pagé, responsable du Travail de Rue Île de Laval (TRIL). C’est bon de voir la Police de Laval s’investir pour déceler ces hommes via des moyens technologiques.»
«Nous cogitions depuis plusieurs mois sur les nouvelles dispositions au Code criminel de la Loi C-36 (6 décembre 2014) qui modifiait plusieurs articles en matière de prostitution, raconte Martin Evangeliste, de la Division du crime organisé à la Police de Laval. Nous voulons montrer que la police est sur Web et faire pression sur la demande pour baisser l’offre afin de protéger nos filles mineures.»
Cette opération s’inscrit dans une perspective globale d’attaque contre le phénomène des jeunes fugueuses exploitées sexuellement. Elle complète les actions, plus complexes, entamées envers les souteneurs eux-mêmes, car dans ces cas de traite de la personne, l’accompagnement de la victime dans le processus judiciaire nécessite plus de ressources et la volonté ferme de celle-ci.
Parents et intervenants
«Nous voyons cette initiative d’un très bon œil, de continuer Pierre Crevier, président du Syndicat des employés du Centre jeunesse Laval (SECJL). Si enfin, ça peut se mettre à bouger, on pourra réduire le nombre de filles recrutées par des réseaux de prostitution. C’est certainement une bonne stratégie à long terme.»
«C’est un premier pas, d’ajouter Lawrence Martin, père de l’une des jeunes fugueuses ayant défrayé la manchette au début de février. Je suis content et j’espère qu’ils vont bientôt en prendre d’autres sur le fait. On souhaite maintenant que ça empêche d’autres hommes d’aller dans la même direction.»
Prévention accrue
Au TRIL, on rappelle qu’un programme efficace de prévention contre la prostitution juvénile avait été mis en place en 2008 pour être abandonné par la suite faute de financement adéquat. On montrait alors aux jeunes comment repérer une relation saine et adopter des comportements sexuels corrects.
«La prévention, c’est difficile à chiffrer, mais c’est payant! de s’exclamer Carol Pagé. Il faut arrêter le financement au goût du jour et sensibiliser nos jeunes au recrutement.»