Le 9 juin, la pluie et le temps frisquet n’ont pas empêché une centaine de personnes d’assister au dévoilement de la place au son de la Water Music, de Haendel, jouée par 10 musiciens de l’Orchestre symphonique de Laval (OSL), dont maestro Alain Trudel.
«La symbolique de la pureté de l’eau est puissante et m’a touché, de confier le chef de l’OSL qui réside dans Sainte-Rose. Les Lavallois sortent d’une grande noirceur. On remplace la honte par la fierté. Je vois bien l’orchestre venir jouer souvent ici. On a voulu garder les gens loin de l’hôtel de ville et là, ils sont invités à le fréquenter.»
Renaissance espérée
En plus des 14 jets représentant les 14 municipalités d’origine de Laval, une enseigne avec horloge, éclairage architectural, mobilier urbain et stèles commémoratives remplacent désormais les arbres malades et le béton. L’espace offre aussi aux conducteurs de véhicules électriques deux bornes de recharge publique.
«L’endroit avait déjà besoin de rénovation, d’affirmer Marc Demers, maire de Laval. Nous avons maintenant une place publique où pourront se passer des événements, en plus de profiter à chaque citoyen. Le tout a été réalisé dans le respect de l’immeuble où s’exerce la démocratie municipale, qui est aussi l’endroit où sont reçus nos visiteurs des autres villes, du Québec et de l’étranger. »
Coût et stèles controversés
Si l’administration Demers avance que les travaux effectués à l’automne ont coûté 1,5 M$ (avant taxes), le conseiller de Fabreville et chef intérimaire du Parti Laval Michel Trottier soutient que la somme totale avoisine plutôt 2,3 M$, documents à l’appui. En plus de la fontaine de près de 1,8 M$, la préparation de plans et devis et des honoraires professionnels auraient fait grimper la facture au-delà de 2 M$.
«Je n’étais pas contre un embellissement avec des fleurs et le remplacement des arbres malades, mais cette fontaine est inutile, d’indiquer Michel Trottier. Il n’y aura jamais de vie de quartier ou de circuit touristique là. Quand on parle de legs aux citoyens, on va un peu loin.»
«En plein développement, Ville de Laval va avoir de plus en plus de places publiques, rétorque Marc Demers. Pensons au futur centre-ville et à l’Espace Montmorency. Lors de nos consultations publiques, où plus de 5000 personnes ont participé depuis 2 ans, on nous a chargés de changer le logo et donner une nouvelle image à la ville.»
La contribution d’une trentaine d’entreprises à l’édification de stèles commémoratives, dans le cadre des Célébrations du 50e anniversaire de Laval, soulève également son lot d’interrogations.
Si Michel Trottier s’inquiète de voir apparaître le nom d’entreprises sur le parterre de l’hôtel de ville, «ce qui vient mettre un doute sur ce que peut faire l’administration dans une démocratie municipale», l’administration Demers note qu’il s’agit là d’une pratique commune dans les universités, hôpitaux et autres bâtiments publics dans le monde, ajoutant qu’un rapport récent de l’École nationale d’administration publique qualifie Laval de ville modèle en matière de transparence et gouvernance.
Un peu d’histoire
La muséologue Alessandra Mariani a souligné la valeur historique et architecturale de l’édifice, rappelant qu’il est l’œuvre de l’architecte de renom Guy Desbarats.
Ce qui devait être le centre civique de la Cité de Chomedey, mais qui devint l’hôtel de ville de Laval après la fusion des 14 municipalités de l’île Jésus en 1965, a été construit entre 1963 et 1964. L’édifice a été inauguré le 22 novembre 1964 en présence de René Lévesque. La première assemblée du conseil municipal de la Ville de Laval s’y tiendra moins de neuf mois plus tard, le 16 août 1965.