Elles passent difficilement inaperçues sur les abords des voies de service des différentes autoroutes, dans les champs ou sur les rivières.
Les bernaches passent l’hiver sur la côte Est américaine, de la Virginie jusqu’en Caroline du Sud. C’est une espèce qui niche dans l’Arctique, la toundra, mais depuis plusieurs années à Laval.
Francis Allaire, biologiste et éco-conseiller d’Éco-Nature, n’est pas surpris qu’on en retrouve autant sur l’Île Jésus.
«Plusieurs familles de bernaches s’installent à Laval. Elles ne sont plus seulement de passage, précise-t-il. Auparavant, elles pouvaient attendre le dégel et poursuivre leur route vers le Grand Nord du Québec.»
Plusieurs facteurs
Pourquoi décident-elles de rester à Laval? «La nourriture est beaucoup plus abondante et riche, dit-il. Les prédateurs sont moins nombreux, donc cela devient intéressant de s’installer en milieu urbain.»
«Elles arrivent de plus en plus tôt en mai et partent de plus en plus tard, en novembre. Certaines restent même à longueur d’année», enchaîne-t-il.
Ces oiseaux migrateurs battent des ailes pour gagner l’intérieur des terres, où ils se gavent des racines des plantes, de végétaux et petits insectes. Les bernaches passent le reste du temps en bordure de l’eau.
Le biologiste trouve d’ailleurs de plus en plus étrange de voir ces volatiles dans les zones urbaines où ils sont un peu plus loin des milieux aquatiques.
Les bernaches deviennent alors vulnérables, affirme-t-il, car les adultes muent et les jeunes sont incapables de voler en juillet. «Elles deviennent alors des proies faciles à capturer.»
Les principaux ennemis en milieu urbain sont les coyotes, renards, putois et ratons laveur.
Surpopulation
Les bernaches et oies blanches sont en surpopulation au Québec. Plusieurs facteurs y contribuent. Outre l’abondance de la nourriture, ces oiseaux s’adaptent facilement à l’urbanisation et la cohabitation avec les humains.
Surtout ne pas les nourrir
Toujours selon M. Allaire, il ne faut surtout pas les nourrir, car leur système digestif n’est pas fait pour manger du pain ou autres aliments.
«Au contraire, ça peut les tuer, insiste-t-il. Les bernaches mangent du pain, car elles sont gourmandes. Il ne faut pas donner de nourriture à aucun animal sauvage. Ça créé un problème d’abondance, l’agrandissement de la population.»
«Nous nous faisons régulièrement demander par les propriétaires riverains comment ils peuvent faire en sorte de ne pas avoir de bernache sur leur terrain. À cela, nous répondons que malgré la panoplie de solutions, la meilleure reste de garder une rive naturelle (végétalisée). Cela rendra l’habitat non attrayant pour la bernache qui se dirigera vers d’autres lieux.»
Le biologiste se veut rassurant quant à la situation des rivières des Prairies, des Mille Îles et des différents plans d’eau. «Il n’y a aucune raison d’avoir des problèmes de pollution dans un bassin aussi naturel avec un gros courant d’eau, admet-il. Les bernaches ne sont pas assez nombreuses.»
«En ce qui concerne les attaques de bernaches, ça n’existe pas, mentionne-t-il. C’est un mythe. Les bernaches ne sont pas dangereuses tout comme les fientes, excréments.»
Aucune mesure à Laval
Si de nombreuses villes telles que Granby et Terrebonne ont adopté des mesures pour faire fuir les bernaches de leur territoire, Laval n’a pas nécessairement mis de mesure en place.
«Nous mettons en pratique ce que propose le Service canadien de la faune à savoir de ne pas nourrir les bernaches», stipule Valérie Sauvé, porte-parole de la Ville.
La municipalité a installé 17 panneaux en ce sens sur différents sites.
Également, la Ville n’a reçu aucune plainte pour nuisance de la part de citoyens. «Nous avons reçu un seul appel signalant un cadavre de bernache», termine Mme Sauvé.