Ce secours financier arrive après la fermeture de Malaric, le troisième centre à devoir fermer ses portes depuis le printemps 2015, ainsi que celle évitée de justesse du centre Bon Secours, à Montréal, qui était prévue ce 22 janvier.
«On ne connaît pas encore sur quelle base cet argent sera distribué, de prévenir Jacques Bernier qui dirige les deux centres de désintoxication présents dans la troisième plus grande ville du Québec. Tant qu’une logique économique poussera à couper, couper, couper, cela mettra en péril la survie de nos organisations. Cette année, notre manque à gagner reste de 76 000 $.»
Endettement alourdi
Comme partout ailleurs en province, la clientèle touchée par la toxicomanie est en chute de 25 % (125 personnes) sur l’île Jésus depuis la réforme de l’aide sociale en mai dernier.
«En contrepoids, les gens en réinsertion sociale sont en hausse de 20 % puisque nous avons dû éliminer tout frais d’entrée (100 $) et loyer mensuel (375 $) pour ne pas les faire fuir. Le gouvernement coupe sans égard pour les réalités locales», continue Jacques Bernier, qui est administrateur au C.A. de l’Association québécoise des centres d’intervention en dépendance.
Ces services que les organisations lavalloises n’ont d’autre choix de rendre accessibles gratuitement ne diminuent en rien les coûts reliés aux deux bâtiments évalués ensemble à 3,9 M $, rappelle M. Bernier.
Également, la nuitée chargée 50 $ au résident depuis le 1er janvier n’en coûte pas moins 65 $ à l’organisme, ce qui représente un manque à gagner de 15 $ par client chaque jour.
Initiative audacieuse
Depuis janvier 2015, le centre de thérapie La Maisonnée Paulette Guinois, dans Auteuil, et le centre de soutien à la désintoxication et réinsertion sociale Un Foyer pour toi, dans Pont-Viau, ont entamé un processus de fusion afin d’assurer la pérennité d’un modèle unique au Québec.
«Notre objectif en est un de saine gestion en rentabilisant une seule organisation», mentionne Jacques Bernier qui élabore ce projet depuis cinq ans en compagnie de Serge Lord, ancien employé de la Ville de Laval et ex-directeur général de La Maisonnée Pauline Guinois.
Surtout, cette initiative renforcera le continuum d’intervention et services en hébergement et dépendances.
Récapitulatif
Rappelons que depuis le 1er mai, l’allocation des prestataires d’aide sociale qui séjournent dans des centres pour toxicomanes est passée de 747 à 200 $ par mois. Alerté sur l’effet dévastateur de cette mesure dénoncée par tous les intervenants du milieu, le gouvernement a mandaté deux firmes indépendantes (Trigone et Deloitte), par le truchement d’Emploi Québec, de tracer un portrait de la situation et en venir à une mesure transitoire.
«Il est bon de mentionner qu’en 2009, les centres lavallois accueillaient 20 % de gens habitant l’île Jésus, alors que depuis 2012, nous sommes passés à 75 % de Lavallois», de dire Jacques Bernier, qui mise sur son comité de transition vers la fusion et une étude de faisabilité pour rassurer les banques quant à son plan de redressement financier pour les 2 centres lavallois servant chaque année à donner une seconde chance à 600 itinérants, toxicomanes et gens sur l’aide sociale.