À la grandeur du Québec, les pertes résultant du vol d’aliments sont estimées à 1 %, ce qui représente plus ou moins 600 M$ chaque année.
Au IGA Extra d’Auteuil, Yvon Pichette, propriétaire depuis 10 ans, parle de centaines de milliers de dollars perdus malgré des barrières électroniques, quatre superviseurs sur le plancher en soirée et l’embauche de temps en temps d’une compagnie de sécurité.
«C’est encore pire en janvier, durant l’hiver, commente-t-il. C’est une vraie plaie!»
Les produits haut de gamme attirent particulièrement les voleurs. Au moment de vérifier les ventes, les gérants constatent que, bien que disparus, ces aliments n’ont jamais été payés aux caisses.
«Nos surfaces sont tellement grandes, rappelle Yvon Pichette. Nous avons 25 000 produits en tablette et 15 000 personnes passent ici chaque semaine.»
Revente au noir
Les firmes de sécurité consultées par l’Association des détaillants en alimentation du Québec font état de malfaiteurs opérant en petits réseaux de trois à quatre personnes, explique Florent Gravel, président de l’organisme.
Ces firmes de sécurité indiquent que 30 % des gens pris en flagrant délit de vols de denrées sont des employés et le reste provient de l’extérieur.
On sait aussi qu’après leur récolte, la majorité des voleurs approvisionne au noir une majorité de restaurants et un certain nombre de particuliers. D’aucuns diront qu’on n’avait pas vu pareil phénomène depuis les rationnements de la Seconde Guerre mondiale!
«L’augmentation drastique des prix de la viande et la demande gouvernementale de réduire l’usage du sac de plastique, ce qui permet aux délinquants d’utiliser les sacs réutilisables, qui sont plus grands, sont les principales raisons de la croissance des vols du genre», d’affirmer Florent Gravel, dont l’Association représente 8000 commerces au Québec.
Solutions peu efficaces
Si la plupart des épiceries possèdent leur système de caméras, M. Gravel sait que ce n’est guère suffisant.
«Les images arrivent une fois le vol commis et la personne partie, rappelle-t-il. Il est impossible de prouver ce qui a été volé et son prix. Sans cette preuve, les compagnies d’assurances refusent de payer.»
Les commerces plus éprouvés ont installé des barrières aux caisses jumelées à des puces électroniques intégrées dans les emballages, mais cette initiative demeure fort dispendieuse.
Si le phénomène continue de croître, l’Association aimerait que les fournisseurs se penchent sur la possibilité d’installer une puce à la source de la production dans l’étiquetage des produits. Cependant, pour l’instant, le coût onéreux de l’opération n’en vaudrait pas la chandelle.