Une nouvelle étude de l’UQAM et l’Université McGill révèle que l’activité physique annulerait certains impacts négatifs de l’alitement chez les personnes âgées.
Les effets négatifs de l’alitement prolongé des personnes âgées – soit le fait de rester couché durant plusieurs jours après une hospitalisation – sont bien documentés: faiblesse musculaire, raideur articulaires, fragilité osseuse, apparition de caillots de sang.
Une nouvelle étude, réalisée par une équipe de recherche de l’UQAM et l’Université McGill, démontre qu’une heure d’activité physique par jour annule les impacts négatifs de l’alitement sur la santé.
«En plus de maintenir la masse musculaire, la consommation maximale d’oxygène (VO₂ max) et la régulation de la glycémie, l’exercice a permis d’augmenter le nombre de mitochondries, qui jouent un rôle de centrale énergétique pour les cellules de notre corps», affirme Gilles Gouspillou, professeur au Département des sciences de l’activité physique.
L’étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Réseau canadien des soins aux personnes fragilisées et l’Agence spatiale canadienne.
«L’ASC s’intéresse aux exercices que les astronautes peuvent faire durant de longues missions, en position horizontale et dans des espaces restreints», précise le chercheur, spécialiste du vieillissement musculaire. Dans le cadre de l’étude, 22 participantes et participants dont l’âge moyen est de 58 ans [NDLR: les responsables de l’étude ont volontairement sélectionné de jeunes personnes âgées afin de diminuer les risques sur la santé] ont passé 14 jours consécutifs en position horizontale. « Ils ne pouvaient même pas se lever pour manger ou pour aller aux toilettes », illustre Gilles Gouspillou.
14 jours au lit
Le groupe témoin n’a pas bougé, alors que le groupe expérimental a réalisé différents exercices en position couchée, durant une heure chaque jour.
«Nous avions installé des ergocycles au bout de leur lit afin que les personnes puissent utiliser leurs jambes pour pédaler, mentionne le professeur. Pour le haut du corps, elles travaillaient avec des bandelettes élastiques et des ballons d’exercice. Chaque séance combinait de l’entraînement en résistance et en endurance, d’intensité modérée à élevée.»
L’alitement de deux semaines a été néfaste pour le groupe témoin.
Les muscles se sont atrophiés de façon significative, montrant même des signes de dénervation (perte d’activité des nerfs dans les muscles).
La capacité cardiovasculaire a diminué, tout comme le nombre de mitochondries. La tolérance au glucose s’est quant à elle détériorée.
Des tests effectués une semaine après l’étude ont démontré que les effets délétères continuaient de croître, même lorsque les participants avaient repris leur vie normale.
«À terme, cela pourrait entraîner des problèmes métaboliques et des maladies comme le diabète de type 2», analyse Gilles Gouspillou.
Pour le groupe expérimental, l’alitement prolongé n’a pas eu d’impact négatif, se réjouit le professeur.
«La masse musculaire a été préservée, tout comme le VO₂ max et les fonctions glycémiques. La santé mitochondriale s’est, quant à elle, améliorée entre le début et la fin de l’étude. Nous nous attendions à ce que l’activité physique ait des effets positifs, mais pas à ce point.»
Selon Gilles Gouspillou, cette étude devrait inciter les gestionnaires du réseau de la santé à réfléchir aux personnes prises en charge après une hospitalisation.
«Les personnes qui sont en mesure de bouger leurs membres inférieurs ou supérieurs devraient rester actifs. Certains exercices ne nécessitent pas d’équipement sophistiqué et ne sont pas trop complexes à réaliser. Continuer à bouger est crucial pour maintenir une bonne santé», conclut le chercheur
Collaborations
Plusieurs Uqamiennes et Uqamiens ont collaboré à l’étude, dont Maude Dulac (Ph.D. biologie, 2022; M. Sc. kinanthropologie, 2016), Guy El Hajj-Boutros (M.Sc. kinanthropologie, 2018), Andréa Faust (M.Sc. kinanthropologie, 2021), Rébecca Beaudette (B.Sc. intervention en activité physique, 2021), Lucas Goulet-Gélinas (B.Sc. intervention en activité physique, 2016), Pressila Njeim (M.Sc. sciences de l’activité physique, 2023), Julien Gagnon (B.Sc. intervention en activité physique, 2021), Sarah David-Riel (B.Sc. intervention en activité physique, 2016), Alexandra Lavoie-Lechasseur (B.Sc. intervention en activité physique, 2021), Jeanne Breault-Mallette (B.Sc. intervention en activité physique, 2022) et Blanche Pelletier (M.Sc. kinanthropologie, 2022).
L’équipe de l’Université McGill était dirigée par le professeur de médecine José Morais. Les étudiantes et étudiants qui souhaitent s’inscrire à la maîtrise en sciences de l’activité physique et qui ont un intérêt pour la santé des personnes âgées, l’activité physique et le vieillissement musculaire sont invités à contacter Gilles Gouspillou.
«Nous avons plusieurs projets en cours», souligne le professeur.
Notons que cet article a d’abord été publié dans Actualités UQAM le 8 juillet 2024. (B.L.)
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