Sous le leadership du père Claudel Petit-Homme, un comité restreint formé d’une demi-douzaine de personnes est en croisade pour faire reconnaître l’église Saint-Vincent-de-Paul au Registre du patrimoine culturel du Québec.
L’obtention d’un tel statut officialiserait non seulement la valeur patrimoniale de ce lieu de culte monumental dominant le paysage de la paroisse depuis 170 ans, mais assurerait surtout sa protection dans le futur.
Le simple fait d’être classé «bien patrimonial» au Québec donne accès à des subventions lorsque des travaux de restauration sont jugés nécessaires.
«Si rien n’est fait sous mon administration, celui qui va me succéder aura des soucis», soutient le curé de la paroisse Claudel Petit-Homme, soucieux de «laisser la maison en ordre» lorsque l’heure de la retraite aura sonné.
Pétitions en ligne
«On veut que tous les Lavallois se rallient à ce projet et découvrent ce beau joyau qu’on a dans l’est de Laval», s’enthousiasme la marguillère Annick Senghor en exhortant les gens à aller signer la pétition en ligne.
Après avoir fait le plein d’appuis auprès des quelque 600 paroissiens qui fréquentent assidûment l’église, le comité transportait à la mi-mars sa campagne sur la plateforme change.org, récoltant plus de 700 signatures au cours des 3 premières semaines.
Un classement en tant que bien patrimonial garantirait la préservation de son architecture remarquable et de l’héritage qu’elle représente, souligne le libellé de la pétition.
Puis, le 9 avril, on apprenait que la députée de Mille-Îles, Virginie Dufour, emboîtait le pas en acceptant de parrainer une autre pétition, celle-là sur le site de l’Assemblée nationale.
Projet de thèse
La présente démarche s’appuie sur une solide étude patrimoniale de 110 pages que l’on doit à Minh Quang Nguyen, étudiant en urbanisme à la Faculté de l’aménagement de Université de Montréal qui en a d’ailleurs fait le sujet de sa thèse.
Lors de notre passage, son auteur a fait valoir les aspects architectural, artistique, emblématique, historique, paysager, social et identitaire, autant de valeurs patrimoniales que présente cette église érigée entre 1854 et 1856.
«Les églises sont nos châteaux au Québec», dit celui pour qui cette œuvre de Victor Bourgeau, architecte de renom du diocèse de Montréal au XIX siècle, n’a plus beaucoup de secret. La communauté a «la chance d’avoir une église bien entretenue», d’où l’importance d’en assurer le maintien, insiste-t-il.
Lien d’attachement
À une époque où les églises se meurent, celle de Saint-Vincent-de-Paul affiche encore une belle vitalité.
Le père Claudel en donne pour preuve le demi-millier de fidèles qui assistent régulièrement aux offices religieux les samedi soir et dimanche matin.
Et la paroisse voit à bien préparer la relève comme en témoigne la catéchèse, qui accueille pas moins d’une centaine d’enfants de 8 à 14 ans le mardi en début de soirée et le samedi en matinée.
Depuis quelques années, avec la contribution de commerçants locaux, le dernier dimanche du mois donne lieu à un café communautaire, permettant aux paroissiens d’échanger et de tisser des liens après la messe de 11h, souligne fièrement Annick Senghor pour marquer le rôle social et communautaire qu’exerce toujours l’église au cœur de la paroisse.
(Photo 2M.Media – Stéphane St-Amour)
À contre-courant
Entre février 2024 et février 2025, le ministère de la Culture et des Communications n’a reçu que deux propositions de classement associées à des églises, à savoir le site de l’église de Sainte-Hénédine dans la région de Chaudière-Appalaches et l’église Notre-Dame-des-Champs, à Repentigny.
La crypte de l’église où se trouvent notamment quelque 80 sarcophages et un ossuaire. (Vidéo 2M.Media – Stéphane St-Amour)
Pendant ce temps, les demandes visant à requalifier des lieux de culte pour un projet d’habitation ou une salle de spectacle, par exemple, fusent de partout au Québec.
Depuis 2020, le Conseil du patrimoine religieux du Québec enregistre annuellement une moyenne de 40 à 50 lieux de culte requalifiés, fermés ou, plus rarement, démolis.
À cet égard, la directrice-adjointe de cette institution, Isabelle Lortie, salue ce qu’elle considère «une très belle démonstration de mobilisation citoyenne» dans Saint-Vincent-de-Paul.
Comité
Le comité à l’œuvre pour le classement de l’église Saint Vincent de Paul est formé du père Claudel Petit-Homme, curé de la paroisse, Elizabeth White, adjointe administrative au presbytère, Annick Senghor, marguillère au conseil de fabrique, Minh Quang Nguyen, auteur de l’étude patrimoniale, Martine Rodrigue, archiviste et présidente de Patrimoine en tête, et Dominique Bodeven, ex-présidente de la Société d’histoire et de généalogie de l’Ile Jésus (SHGIJ).
Le dépôt de la demande se fera le mois prochain auprès du ministère de la Culture et des Communications du Québec.
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