Depuis près d’un mois, trois résidences du boulevard Cléroux, dans Sainte-Dorothée, sont privées d’eau potable depuis l’assèchement de leur puits artésien, le 11 septembre.
Voisinant avec le chantier en cours au quadrant sud-ouest des autoroutes 440 et 13, ces puits à sec coïncident avec des travaux de pompage entrepris sur le site.
«Trois grosses pompes fonctionnaient jour et nuit», explique un résidant du voisinage dont le puits n’a toutefois jamais été affecté.
La Ville, qui a dépêché des inspecteurs sur place, «ne peut confirmer un lien de cause à effet entre le chantier et l’assèchement des puits».
Cela dit, les autorités municipales ont distribué des bouteilles d’eau aux trois résidences touchées, le temps d’installer une citerne afin de les alimenter en eau, explique la porte-parole, Sarah Bensadoun.
«Les résidents ont été informés que cette mesure est temporaire et que l’eau devra être bouillie avant consommation», précise-t-elle.
Milieux humides remblayés
Au printemps dernier, le chantier en question avait défrayé la manchette, alors que la Ville avait dû se tourner vers la Cour supérieure du Québec pour faire cesser une coupe d’arbres illégale dans la partie boisée de ce terrain.
On y apprenait que le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques (MDDELCC) avait délivré un certificat d’autorisation (CA) en vertu de l’article relatif à l’application de la Loi sur la qualité de l’environnement, exigé pour tout travaux menés en milieux hydriques.
Ce feu vert avait fait bondir le directeur du Conseil régional de l’environnement (CRE), Guy Garand, qui dénonçait le fait d’autoriser la destruction de milieux humides au détriment de la capacité de support des écosystèmes.
Étude hydrogéologique
Aujourd’hui, l’environnementaliste suggère fortement de dresser un état des lieux des milieux humides et hydriques en sol lavallois.
«Le temps est venu de mener une étude hydrogéologique», dit celui qui avait déjà proposé à la Ville, au début des années 2000, de réaliser un inventaire qualitatif et quantitatif de la nappe phréatique.
D’autant qu’«il y a encore beaucoup de résidences qui ne sont pas reliées au réseau d’aqueduc» et que les zones humides – dont les pertes sont incessantes, martèle Guy Garand – sont des infrastructures naturelles indispensables à la recharge des eaux souterraines.
Injonction
Pour en revenir à ce chantier qui abritera un concessionnaire Hyundai, le promoteur, Investissements Elmag inc., a dû se conformer à une deuxième ordonnance en six mois, la Ville ayant obtenu une injonction de la Cour supérieure le 18 septembre pour faire cesser les travaux.
S’il était autorisé à remblayer, aménager et excaver, il lui fallait déposer un CA du Ministère avalisant le prolongement des réseaux d’égout et d’aqueduc pour que la Ville lui délivre son permis de construire.
Au MDDELCC, on confirme qu’une demande d’autorisation a été déposée le 3 août, mais que le certificat n’a été émis que le 26 septembre.
À ce jour, malgré que l’administration Demers ait eu à s’adresser deux fois aux tribunaux pour faire cesser d’abord une coupe d’arbres illégale, puis des travaux de construction sans permis, le promoteur s’en tire sans aucune amende. «La Ville a un an pour émettre un constat d’infraction», se justifie-t-on.