Des garderies privées non subventionnés risquent de rester fermés si le gouvernement provincial ne leur donne plus de garantie et d’aide financière pour compenser les pertes causées par la pandémie.
«Le gouvernement veut nous obliger d’ouvrir sans une vraie garantie, commente Rachelle Jabbour, directrice de la garderie le Royaume des Petits Cœurs. On n’a pas le droit de remplacer les enfants qui ne viendront pas, mais le gouvernement ne va pas payer pour les places vides.»
Rappelons qu’à Laval, les garderies qui pourront ouvrir dès le lundi 18 mai ne pourront accueillir que 30% des enfants, en raison des mesures annoncées par la santé publique pour limiter la propagation de la COVID-19.
«Pendant la quarantaine, le gouvernement nous avait promis 41$ par enfant et on attend encore la totalité de cette compensation, déplore-t-elle. Une aide financière de 5.95$ par place au permis nous a été offert pour le mois d’avril. Cet argent n’a pas été suffisant pour payer le loyer ni les autres frais fixes qu’on a eu pendant la fermeture.»
Manque d’argent
Les garderies privées non subventionnés ont dû rembourser deux semaines du mois de mars à tous les parents, sans avoir une compensation équivalente aux remboursements.
Les deux premières semaines, les enfants des employés essentiels ont été transférés en CPE. Les éducatrices, elles, ont été renvoyées à la maison avec l’assurance-emploi.
«Le manque d’argent pendant les semaines de quarantaine a déjà entraîné la fermeture de certaines garderies, ajoute la directrice de la garderie qui se situe à Laval-des-Rapides. On aimerait que les enfants soient testés, les consignes sanitaires soient plus claires et de l’aide économique pour tous. Pour le moment, on se prépare à rouvrir, mais ce sera difficile de savoir si nous aurons une subvention ou pas.»
Subventionnés à 100%
«On cherche depuis longtemps à être subventionné à 100% comme les CPE, explique Sylvain Ruel, propriétaire du Centre éducatif Marie-Li. De cette manière, on recevrait l’argent directement du gouvernement au lieu qu’il l’envoit aux parents.»
Selon le propriétaire du Centre éducatif Marie-Li, situé dans Saint-Vincent-de-Paul, la garderie a déjà eu des pertes pour mauvaises créances de 70 000 $.
«Certains parents ne paient pas la garderie et utilisent l’argent ailleurs, raconte-t-il. On est obligé d’amener ces cas devant la Cour des petites créances pour avoir un retour vraiment plus tard. Cela génère d’énormes pertes pour beaucoup de garderies.»
Les enfants d’employés essentiels fréquentant des garderies privées non-subventionnées ont été placés temporairement en CPE pendant la quarantaine.
Avec la réouverture de toutes les garderies, certains enfants resteront dans ce CPE au lieu de revenir à leur garderie d’origine.
Utiliser les places vides ?
«Je respecte les parents qui veulent partir en CPE, commente David Haddaoui, le président de l’Association des Garderies Non Subventionnées en Installation. Cependant, le gouvernement devrait nous laisser le choix d’utiliser les places qui se vident.»
L’Association des Garderies non subventionnées en Installation assure que si le gouvernement ne subventionne 100% des places, il n’y aura pas de réouverture dans les prochains jours.
«On ne veut pas être les garderies sous-payées du réseau, conclut-il. On veut tous être capable de payer nos dépenses et d’avoir l’argent pour embaucher suffisamment de personnel et s’assurer que toutes les mesures de sécurité sont mises en place. Sans une subvention complète, je préfère rester à la maison et ne pas mettre à risque nos éducatrices.»