Conseillère en orientation au Collège Montmorency depuis 2009, Émilie Robert s’est spécialisée auprès de jeunes en situation de handicap. Elle vient de publier Les personnes autistes et le choix professionnel. Les défis de l’intervention en orientation, chez Septembre éditeur.
Cet ouvrage pratique de près de 200 pages permet de démystifier l’univers de l’autisme et d’accompagner les étudiants dans leurs choix d’études et de carrière. Dans les collèges et les universités du Québec, on observe une augmentation moyenne de 400 % de la population étudiante avec un diagnostic de TSA.
Il y a sept ans, Émilie Robert rencontrait environ 5 étudiants autistes, alors qu’elle veille désormais au cheminement de 25 d’entre eux.
«Ce qui marche d’ordinaire avec nous comme conseils d’orientation, c’est tout ce qui n’ira pas avec une personne autiste! s’exclame la conseillère d’expérience et désormais auteure. Pas question de laisser le silence s’installer et d’utiliser un langage imagé. Avec eux, il faut être très spécifique, parler de tel métier, de chercher sur tel site dans un délai déterminé avec un prochain rendez-vous fixé précisément dans le temps.»
Besoin urgent
À force de découvrir que l’approche traditionnelle s’avérait désastreuse auprès de cette clientèle, Émilie Robert a consulté collègues et chercheurs universitaires pour savoir si des outils pédagogiques étaient disponibles. Or, rien n’existait dans le domaine.
La conseillère de Montmorency a commencé à se documenter sur le phénomène croissant de l’autisme, consultant des ouvrages médicaux de neuropsychologie et psychiatrie.
«Si j’éprouvais des problèmes à conseiller ces jeunes, d’autres devaient être confrontés à pareille situation, raconte-t-elle. J’ai créé un blogue en juin 2012, puis lors d’un congrès, j’ai réalisé l’ampleur du besoin pour les intervenants. J’avais déjà beaucoup à dire, ayant développé une expertise au fil des années.»
Travail constant
Pour Émilie Robert, le potentiel des étudiants autistes est indéniable. Ils possèdent simplement un profil d’habiletés inhabituel et ne méritent pas d’être rapidement catalogués à des compétences précises. Le mythe du Rain Man aux capacités techniques et scientifiques exceptionnelles a notamment la peau dure.
Dans son livre, après quelques notions théoriques sur la manifestation de l’autisme dans la pensée et le comportement, Émilie Robert détaille de nombreux outils, que ce soit des activités d’exploration professionnelle ou de réflexion, des méthodes de communication et d’intervention, ainsi que des ressources d’aide.
«La communication humaine n’est pas une langue maternelle pour eux, précise-t-elle. Nous devons adopter leur mode de communication. Ainsi, parler de leurs émotions, ce n’est pas leur fort, cela peut même s’avérer angoissant. Nous devons baser notre approche sur leurs forces et habiletés, plutôt que leurs intérêts, car on s’entend que la passion de l’un pour Star Wars ne l’aidera pas trop dans son choix professionnel! Mais s’il est bon en français et ne fait jamais de fautes, on peut construire là-dessus.»
Pas de découragement
Durant toute sa démarche, Émilie Robert a beaucoup pensé à ces parents inquiets de l’avenir de leur enfant qui l’ont appelée depuis 2009. Ce livre s’adresse autant à eux qu’aux conseillers en orientation.
«Je veux donner espoir à ces parents, insiste-t-elle. Il faut être patient, mais il y a une place pour eux. Bien sûr, ils passeront un peu plus de temps à la maison que d’autres. Également, leurs premiers emplois seront plus modestes, et c’est tant mieux, car cela servira à apprivoiser tout ce monde intimidant qu’est le marché du travail.»