Tous faisaient du bruit pour dénoncer des compressions budgétaires de 12 M$ imposées par le gouvernement pour 2014-2015, une annonce rendue publique dans les derniers jours.
L’ensemble des travailleurs de la CSN, la CSQ et l’APTS ont tenu à exprimer solidairement leur mécontentement.
«Nous avons un ministre qui laisse croire à la population que ces coupes-là n’auront pas d’impact sur les services, s’indigne Carolle Dubé, présidente de l’APTS. Nous le savons que ce n’est pas vrai. Ça se traduira par différentes façons, comme des listes d’attente qui s’allongeront et des services auxquels les gens n’auront plus accès. Les personnes qui ont des assurances pour aller dans le privé pourront le faire. Ça affecte les plus vulnérables de la société.»
Pression sur les travailleurs
Alourdissement des tâches, détérioration des conditions de travail, les représentants des différents syndicats sont unanimes et dénoncent la pression que subit le personnel avec ces ressources financières manquantes.
«On veut que les gens nous voient aujourd’hui. On enlève des préposés, des infirmières et on nous dit que le système de santé s’améliore, mais je ne vois pas comment, se questionne Lise Létourneau, réceptionniste à la Cité-de-la-Santé, qui voit ses fonctions directement affectées. D’après moi, le service n’ira pas en s’améliorant. On a beaucoup de retard au sein du CSSS de Laval.»
Catherine Roy et Louise Jean travaillent comme infirmières dans une salle d’accouchement. Elles se sentent d’autant plus impliquées dans le mouvement de mécontentement qui se crée dans le réseau depuis cette annonce de compression de 12 M$.
«On vit beaucoup d’anxiété, car on manque de personnel, témoigne Mme Roy. On nous demande de faire du temps supplémentaire obligatoire et on commence à être fatiguées».
«On travaille dans des situations d’urgence et c’est de l’essoufflement de notre côté, car on n’a, malgré tout, pas le choix de fournir le travail», exprime quant à elle Mme Jean.
Le CSSS de Laval n’est pas le seul établissement qui se voit amputé de son financement. Pour le Québec, ce sont des efforts budgétaires de plus de 500 M$ qui sont demandés. Par ailleurs, l’ASSS de Laval aura aussi 245 300 $ de moins dans son budget pour 2014-2015, dans le cadre d’un 5 M$ d’économie demandé à l’ensemble des agences de la province.
Le CSSS réagit
Caroline Barbir, directrice générale du CSSS de Laval, explique que l’établissement tentera le tout pour le tout pour augmenter ses revenus. «On a des contrats avec le gouvernement fédéral pour les activités carcérales. On offre des services de santé à ces gens et nous sommes remboursés par le fédéral.»
Le CSSS de Laval commencera également des économies de coûts dans les fournitures médicales en allant chercher des meilleurs prix auprès des compagnies. Le recours au temps supplémentaire et à la main-d’œuvre indépendante diminuera aussi.
Malgré ces compressions qui s’inscrivent dans un budget de 506 M$, le CSSS de Laval assure que les services directs à la population ne seront pas affectés.
«Nous n’avons aucunement l’intention de réduire le service à la population. Nous allons le maintenir au même niveau que l’an dernier, avec la même accessibilité, ajoute Mme Barbir. C’est une obligation que nous avons.»
La directrice générale précise que le CSSS de Laval est «l’un des établissements où il y a le plus faible taux d’encadrement au Québec». Elle réplique donc aux syndicats qui dénoncent qu’aucun poste de cadres ne sera abolit.
«Le tableau que le Ministère nous a donné indique qu’on est bien en-deçà de notre pourcentage du nombre de cadres qu’on serait censé avoir, ajoute-t-elle. Pour notre catégorie d’établissement, nous serions autorisés à avoir 7,3 % de la masse salariale des cadres sur la masse salariale totale. Nous sommes à 6,6 %. Le Ministère ne formule aucune exigence à l’égard de notre établissement en ce qui concerne la réduction du nombre de postes d’encadrement.»