Mère monoparentale et aidante naturelle de son enfant immunodéprimé, Chantal Picard, une préposée aux bénéficiaire du CHSLD Sainte-Dorothée, refuse de rentrer travailler depuis le 27 mars, bien que son employeur exige qu’elle se présente sur les lieux.
«J’ai un enfant qui est atteint de dystrophie musculaire de Duchenne et j’ai la garde de mes enfants à temps plein, explique Chantal Picard, préposée aux bénéficiaires depuis 21 ans au Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) de Sainte-Dorothée. Je n’ai plus de préposé d’aide à domicile puisque je voulais éviter la contamination pour mon fils qui est immunodéficient.»
Chantal Picard affirme avoir obtenu un congé de maladie d’une durée de deux semaines après de nombreuses démarches. Toutefois, son employeur veut maintenant qu’elle retourne au travail le jeudi 16 avril dès que son congé sera fini.
«Je suis extrêmement stressée, je n’arrive plus à manger ou à dormir, avoue-t-elle. Je lance un appel à l’aide. Ils veulent que je rentre travailler dans un endroit où il y avait hier plus de 119 cas confirmés et beaucoup de personnel malade.»
Rappelons qu’en date du mercredi 8 avril, en matinée, 105 résidents et 48 employés ont été testés positifs à la COVID-19 dans cet établissement.
Syndicat
«Pour le cas de Mme Picard, on parle vraiment de négligence de la part du CISSS de Laval, affirme François Houle, premier vice-président de la CSN du CISSS de Laval. Elle a toutes les preuves médicales pour démontrer qu’elle risque beaucoup si elle va travailler.»
Pour sa part, la mère de famille affirme que le syndicat lui avait proposé, en premier lieu, de la transférer vers un autre établissement. Depuis, elle n’a pas eu d’autres réponses de leur part.
«J’ai demandé au syndicat de m’aider pour avoir une autorisation, car je refuse d’y aller depuis le 27 mars. Ils m’ont dit: on va voir. Alors j’ai appelé de nombreux médecins qui ont refusé de me donner un congé maladie. Il y a en a eu juste un qui a compris ma situation.»
François Houle, l’officier syndical chargé du dossier de Mme Picard, essaye par tous les moyens de l’aider à obtenir une autorisation de la part de l’employeur. Ce qui lui permettrait également d’avoir «droit à une rémunération».
Pas un cas isolé
Le Syndicat de travailleurs et travailleuses de la santé de Laval-CSN confirme qu’au moins six autres travailleurs de la santé du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval ont vécu ou vivent la même réalité que Chantal Picard.
«L’employeur ne suit pas présentement les directives du ministère de la Santé, commente François Houle. Il faut que je traite du cas par cas pour prouver à l’employeur que ces personnes et leurs familles sont à risque si elles rentrent travailler.»
Le syndicat affirme que les directives du Ministère sont très claires, mais qu’encore aujourd’hui, quelques cas du même genre arrivent au CIUSSS de Laval, Laurentides et Montréal.
«J’ai déjà réussi à faire approuver deux autres dossiers, raconte François Houle. Une première personne dont le conjoint avait le cancer et une autre qui avait des problèmes pulmonaires. Cependant, le mot d’ordre général devrait toujours être respecté, bien sûr, à condition que les employés présentent les preuves d’un médecin.»
Un employé de 70 ans d’un centre jeunesse à Laval se serait aussi vu refuser un retrait temporaire. «Le CISSS de Laval souhaite l’envoyer à la retraite tout de suite ou l’obliger à travailler la nuit», soutient-il.