Michel Gauthier évolue dans le domaine de l’élevage de chiens depuis 30 ans. Mais jamais il n’a été la cible d’autant de plaintes et de suspicion qu’au cours des derniers mois, qui ont été ponctués par des visites fréquentes de la police.
«Là, ç’a plus de bon sens. J’ai eu des plaintes de combat de chiens, de vol de chiens… Je les ai toutes eues, une après l’autre.»
Il s’explique mal la nouvelle sensibilité du public. «Ils devraient l’être plus [sensibles] avec les personnes âgées et les enfants». Les usines à chiens? «Ça n’existe pas. Ça, c’est le langage de la SPCA. On appelle ça un chenil.»
Questions et réponses
Pendant près de 45 minutes, l’éleveur a répondu aux questions du Courrier Laval, le 21 septembre. Il a accepté que le photographe prenne quelques clichés à l’intérieur de son local. En revanche, il a demandé que ne soient pas révélés son adresse et le nom de son entreprise.
«J’ai toujours travaillé en fonction de ne pas faire la première page des journaux, dit Michel Gauthier. Je marche avec la loi. Si la loi change, je vais m’adapter.»
L’éleveur dit soigner ses chiens et changer le paillis des enclos tous les jours, raser ses bêtes six fois par année, garder ses femelles une fois terminées leurs années fertiles et faire euthanasier ses chiens malades.
Il n’utilise pas de distributeurs automatiques d’eau et de nourriture, afin de «garder un contact avec mes chiens», assure-t-il, en sortant un mâle de son enclos, et en le prenant dans ses bras. Non, les chiens ne sortent pas dehors, admet-il. «Mais ils font plus d’exercice ici que bien des chiens de maison.»
Aidé par ses deux filles, l’homme de 50 ans insiste sur le caractère familial de l’entreprise, qui se spécialise dans les chiens croisés de petite taille.
Pas la maternité
Viennent les questions plus difficiles. M. Gauthier a refusé que la journaliste visite la maternité. Seuls les inspecteurs de la SPCA ont ce privilège Pourquoi? «La visite d’étrangers les stresse. Elles pourraient s’en prendre à leurs chiots.» Un argument que l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), consulté par le journal, ne réfute pas. Il ne nie pas garder des femelles de la maternité dans des cages à fond grillagé, afin d’éviter «qu’elles ne marchent dans leurs excréments» et qu’elles soient infestées par des vers à répétition. Ce type de cage est proscrit par le projet de règlement québécois sur la sécurité et le bien-être des chiens et des chats, actuellement à l’étude.
L’éleveur avoue par ailleurs se procurer des vermifuges sur Internet, afin d’éviter des frais et des visites fréquentes chez le vétérinaire. Ces médicaments doivent être administrés selon un protocole établi par un médecin vétérinaire et faire l’objet d’une certaine supervision, nous explique-t-on.
Michel Gauthier assure par ailleurs faire vacciner par un vétérinaire ses chiots destinés à être vendus sur Internet ou dans des animaleries, notamment. Il exhibe rapidement une pile de carnets de santé, mais refuse de laisser la journaliste vérifier s’ils sont paraphés par un professionnel.
Il faut se méfier des faux carnets de santé, prévient l’OMVQ, qui fait la promotion du certificat de vaccination initié par l’Association des médecins vétérinaires du Québec, dûment signé par un vétérinaire. (N.V.)
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