«Je suis triste, amère, déçue et même en colère. Ma ville s’est défilée et je trouve ça plutôt honteux», écrit au maire de Laval une citoyenne qui s’est dissociée du groupe engagé dans la création d’un nouvel organisme de service de gestion des animaux.
Danielle Doyon était présente, lors d’une réunion présidée par le maire Gilles Vaillancourt, le 2 juin. D’emblée, ce dernier a écarté l’idée de la prise en charge d’un service de gestion animalière par la Ville, relate la citoyenne. Une position qu’il a réitérée à la séance publique du conseil municipal, le 6 mai.
La création d’un organisme sans but lucratif (OSBL) a été présentée comme la seule solution.
Le 3 juin, la Ville de Laval publiait un communiqué annonçant l’engagement d’un groupe de citoyens à créer un nouvel organisme, afin de remplacer Le Berger Blanc.
Bousculées
«Je me suis sentie bousculée, dit Mme Doyon, initialement déterminée à mettre la main à la pâte. Il y a un monde entre vouloir s’impliquer et prendre toute la charge de travail sur ses épaules.»
Danielle Doyon n’est pas la seule, parmi la douzaine de citoyens présents le 2 juin, à déplorer la vitesse à laquelle le groupe s’est retrouvé investi de la mission de créer un nouvel organisme.
«On nous a donné 15 minutes, pour prendre une décision et nommer quelqu’un à la présidence. Il [le maire] met tout ça sur notre dos. On travaille tous», a dit une dame qui a préféré garder l’anonymat, tout en confirmant le malaise ressenti par certaines personnes dans le groupe.
Ces citoyens se réuniront à nouveau le jeudi 9 juin. «On a bien des choses à discuter», affirme la dame.
Pas d’expertise
M. Vaillancourt aurait évoqué le manque d’expertise des employés de la Ville dans le domaine de la gestion animalière et la difficulté à faire accepter aux citoyens une augmentation de taxe pour financer un service municipal.
Mme Doyon rétorque que le groupe de citoyens n’a pas plus d’expertise et que des études démontrent qu’un service de qualité peut se traduire par une hausse de quelque 5 $ par année, pour les résidents.
La Ville de Laval assure qu’elle apportera le support financier, administratif et juridique nécessaire pour le démarrage de l’OBNL, qui sera par la suite admissible à une subvention annuelle.
Laval accordait annuellement 343 800 $ au Berger Blanc, pour le service de fourrière, selon les renseignements fournis par le Département de police de Laval.
Mais ces assurances, pas plus qu’un éventuel soutien de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA), ne rassurent Danielle Doyon, qui a fait parvenir une lettre au maire Vaillancourt, pour lui expliquer les raisons de son retrait du groupe.
«Je n’ai jamais parlé de gérer une fourrière. Il faut trouver un local, négocier les baux, recruter des bénévoles, un conseil d’administration, trouver du matériel… Je trouve que c’est à ma ville, d’offrir ce service. Mon but n’est pas de faire avorter le projet, mais que les gens réfléchissent, avant de s’embarquer en toute connaissance de cause.»
Enthousiasme
De son côté, la comédienne et porte-parole de la Société québécoise pour la défense des animaux, Patricia Tulasne, qui s’est jointe aux citoyens lavallois le 2 juin, est plus enthousiaste.
«Je crois au contraire qu’il s’agit là d’un beau défi à relever et que si les citoyens s’impliquaient davantage dans les affaires municipales, les choses iraient peut-être mieux. Je pense que nous sommes les mieux placés pour faire changer les choses, et que ça ne peut pas être pire que l’état actuel des choses.»
Le contrat municipal avec le fournisseur de service de fourrière Le Berger Blanc arrivait à son terme le 30 mai. Ni cette entreprise, ni aucune autre n’a répondu à l’appel d’offres lancé par la Ville.
Le service de fourrière est actuellement fourni, de façon temporaire, par Le Berger Blanc, éclaboussé en avril par un reportage de Radio-Canada montrant des pratiques cruelles envers les animaux.