Huit organismes demandent à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) d’inclure les clubs de golf Islesmere, Cardinal et Laval-sur-le-Lac à son règlement de contrôle intérimaire (RCI) ciblant les secteurs présentant un potentiel de reconversion en espace vert ou en milieu naturel.
Si cette instance suprarégionale présidée par la mairesse de Montréal, Valérie Plante, accédait à leur demande, elle porterait à 12 le nombre de terrains de golf ainsi protégés par le RCI sur l’ensemble du territoire métropolitain.
À l’origine de la démarche, les organisations locales Protégeons les espaces verts des golfs de Laval, Parc Sentiers des Bois, Coalition mobilisations citoyennes environnementales de Laval et les Comités de citoyens de Laval-Ouest et de Laval-les-Îles de même que la Coalition Verte, le Mouvement d’action régional en environnement et la Coalition des terrains de golf en transition.
Cible à atteindre
Hier, à moins de 48 heures de l’ouverture de la conférence des Nations Unies sur la biodiversité, COP15, à Montréal, le groupe des 8 interpellait le comité exécutif et la direction générale de la CMM.
«On s’attend à ce que les objectifs de conservation atteignent 30 % sur le territoire de chaque municipalité», écrivent les signataires d’une lettre datée du 5 décembre en évoquant les cibles qu’Ottawa et Québec se sont fixé d’ici 2030 en matière d’aires protégées.
S’appuyant sur une récente étude de la firme Habitat, selon laquelle le territoire métropolitain ne présente plus – en termes de milieux naturels – qu’un potentiel de conservation de 24,9 % de sa superficie totale, les groupes environnementaux font valoir que la CMM n’aura d’autres choix que de récupérer des espaces verts, tels des golfs pour combler le manque à gagner.
La CMM avait d’ailleurs intégré plus tôt cet automne les clubs de golf Ste-Rose, Boucherville et Dorval à son RCI, qui protégeait déjà les terrains de golf situés à Beloeil, Candiac Chambly, Mascouche, Rosemère (le club est déjà fermé) et Terrebonne (le club Le Boisé). Au total, ces clubs totalisent près d’un demi-millier d’hectares.
128 hectares en jeu
L’avenir des clubs de golf de l’ouest de Laval retient l’attention depuis le printemps 2021 alors que des citoyens réclamaient pour la première fois la conversion de ces terrains en parcs-nature, une fois que ceux-ci auraient cessé leurs activités.
Devant l’insistance de ces requérants représentés par le co-porte-parole du mouvement du Parc Sentiers des Bois, Jonathan Tremblay, qui se faisait entendre à chaque séance du conseil municipal, l’administration Boyer annonçait en mai 2022 qu’elle protégerait 50 % de la superficie des terrains Islesmere, Cardinal et Laval-sur-le-Lac si ces clubs de golf venaient à disparaître un jour.
De nouvelles dispositions réglementaires en ce sens allaient être enchâssées dans le nouveau Code de l’urbanisme (CDU) avec pour résultat que 128 des 256 hectares que totalisent les trois clubs de golfs seraient éventuellement convertis en parc urbain.
Insatisfaits, M. Tremblay et quatre autres citoyens se tournaient vers la Commission municipale du Québec (CMQ) au mois d’août dernier, formulant une demande d’avis de conformité du CDU à l’égard du Schéma d’aménagement et de développement révisé (SADR) de la Ville de Laval. Ils estimaient que le nouveau zonage autorisant désormais le développement résidentiel sur ces grands espaces verts ne respectait pas les grandes orientations d’aménagement et affectations du territoire que la Ville s’est donnée en 2017.
Rappelons que dans une décision rendue le 27 septembre, la CMQ attestait de la conformité du CDU au SADR.
Déficit à combler
Jonathan Tremblay estime qu’à titre de 3e ville en importance au Québec, Laval «doit faire sa juste part si on souhaite atteindre les 30 % de protection du territoire» de la CMM.
À cet égard, il déplore que la ville-région ne dispose que d’«un seul grand parc urbain d’une superficie de plus de 40 hectares» pour desservir une population de près de 450 000 habitants.
M. Tremblay affirme par ailleurs que l’offre de parcs à Laval – qu’il chiffre à un hectare par 1000 habitants – est quatre fois en-deçà de la recommandation de la National Recreation and Park Association, l’organisme américain suggérant un ratio de 4 ha/1000 résidents pour les villes de plus de 250 000 habitants.
Enfin, précise-t-il, la préservation des milieux naturels et espaces verts contribue également à lutter contre les effets des changements climatiques extrêmes, dont les inondations et les surverses.