Selon un sondage de la firme CROP commandé par le Syndicat des chauffeurs de la Société de transport de Laval, 92 % des membres syndiqués déplorent un mauvais climat de travail à la STL.
Les résultats de ce coup de sonde ont été dévoilés à la dernière séance du conseil municipal par le président syndical, Patrick Lafleur. Celui-ci y dénonçait la détérioration du climat organisationnel depuis le début des négociations en vue du renouvellement de la convention collective, laquelle est échue depuis bientôt trois ans. Au point où «plusieurs» seraient en réflexion quant à leur avenir au sein de l’organisation.
Toujours selon ce sondage téléphonique auquel ont répondu 473 des 625 chauffeurs et chauffeuses, 84 % des répondants estiment que la direction manifeste «une attitude négative envers eux», 71 % disent éprouver un faible sentiment d’appartenance alors que les deux tiers ne recommanderaient pas à un ami d’y travailler. Pour 70 % des chauffeurs interrogés, le maire Stéphane Boyer, qui refuse de se mêler des négociations, a «une vision défavorable du transport en commun».
Bémol
Des résultats que la présidente du conseil d’administration de la STL, Jocelyne Frédéric-Gauthier, a tenu à mettre en contexte. Pour la conseillère municipale du district Auteuil, ce sondage est teinté par des relations tendues qui opposent actuellement les parties syndicale et patronale engagées dans un bras de fer.
En clair, elle a indiqué qu’on ne pouvait s’attendre à autre chose d’un sondage effectué «en période de crise», rappelant au passage que 80 % des chauffeurs sondés en 2014 et 2017 par la STL se disaient satisfaits et signifiaient leur sentiment d’appartenance envers l’employeur.
Pour sa part, le directeur général de la STL, Guy Picard, y voit le résultat d’une «campagne de désinformation» menée par le Syndicat qui «démonise» la direction de la STL.
Bataille de chiffres
Le conseiller syndical des chauffeurs, Pierre-Guy Sylvestre, a pris la parole devant le conseil municipal pour dénoncer le taux horaire de 20,08 $ à l’entrée, ce qui expliquerait pourquoi 3 des 6 chauffeurs engagés lors de la dernière période d’embauche auraient quitté au bout de 2 semaines, soutient-il.
Le DG réplique en affirmant qu’un chauffeur se tire un salaire moyen de 56 500 $ à sa première année à la STL, toutes rétributions et temps supplémentaire inclus. Outre les primes de soir et de fin de semaine et celles liées aux longues heures et au kilométrage parcouru, les chauffeurs sont «payés minimalement 42,5 heures par semaine même s’ils en travaillent en moyenne 37», fait valoir Guy Picard. Ce dernier ajoute que l’offre patronale de hausser le taux horaire minimal à 21,42 $ ferait grimper à 60 000 $ le salaire moyen à l’entrée.
Salaire du DG
En entrevue au Courrier Laval, le patron de la STL a aussi défendu son salaire rendu public au conseil municipal par M. Sylvestre. Le conseiller syndical avait déclaré que le traitement salarial de M. Picard a bondi de 239 000 $ en 2019 à 306 000 $ l’an dernier, alors que les négociations avec ses membres achoppent au niveau monétaire.
Il s’agit essentiellement d’un «ajustement salarial», explique M. Picard, ce qui lui permettait de combler l’écart avec ses collègues à la tête de sociétés de transport de taille comparable.
Par ailleurs, le montant de l’allocation de voiture qu’il touchait fut ajouté à son salaire au moment de la renégociation en 2020, fait-il remarquer. Enfin, s’il a gagné plus de 300 000 $ en 2021 c’est en raison du paiement d’«une rétro d’un an et demi liée à la performance», termine le principal intéressé, précisant que ces informations avaient alors été communiquées au Syndicat. L’an dernier, son salaire avoisinait les 295 000 $.
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