Le premier budget Boyer a été adopté le 12 janvier sans l’appui des deux groupes d’opposition.
Bien qu’ils reconnaissent quelques «éléments très intéressants», telle la mise en place du service de premiers répondants, les cinq élus d’Action Laval ont tous voté contre le budget de fonctionnement de la Ville pour l’année en cours qu’ils jugent «hors de contrôle», dénonçant «la hausse de taxes et l’explosion du nombre d’employés».
Déposé le 16 décembre dernier, le budget équilibré de 969,9 M$ affiche une croissance des dépenses de 4,3 % en plus de prévoir l’embauche de 269 employés équivalent temps plein, ce qui portera la fonction publique municipale à 4420 personnes.
Aux fins de comparaison, l’exercice précédent avait vu les dépenses augmenter de 7 % et les effectifs croître de 127 employés.
«La Ville continue d’accumuler d’importants surplus année après année sur le dos des citoyens», mentionne par voie de communiqué le conseiller de Saint-Bruno, David De Cotis. Une pratique qui «doit cesser», poursuit celui qui rappelait en assemblée extraordinaire les surplus anticipés de 35 M$ en 2021 malgré un gel de taxes.
Sa collègue de Chomedey, Aglaia Revelakis, écrit à propos de Stéphane Boyer et son équipe que «lorsqu’ils ont des surplus, ils cherchent de nouveaux moyens de dépenser». Rappelons qu’Action Laval avait promis au cours de la dernière campagne de geler les taxes jusqu’en 2025.
Quant à la taille de l’appareil municipal, M. De Cotis fait remarquer que la fonction publique a crû 12 fois plus rapidement que la population depuis 2019 et que les nouvelles embauches sont «principalement des cadres et des professionnels, c’est-à-dire du personnel qui ne donne pas directement des services à la population».
Manque de transparence
Du côté de Parti Laval, les deux conseillers municipaux ont également refusé d’appuyer le budget municipal.
«M. Boyer manque de transparence, maquille la vérité pour mieux faire passer la pilule auprès de la population lavalloise», affirme le chef intérimaire et conseiller de Fabreville, Claude Larochelle, par voie de communiqué. Il en veut pour preuve la hausse de 3,1 % du compte de taxes moyen pour une résidence unifamiliale contrairement à la hausse globale de 1,9 % annoncée pour l’ensemble des secteurs résidentiel, commercial, industriel et agricole.
«[Le maire] oublie commodément d’ajouter l’augmentation des frais afférents comme la tarification des services de l’eau et celle du transport régional», ajoute-t-il.
En contrepartie, faut-il préciser, la hausse affectant le compte de taxes moyen d’un condominium s’établit à 1,4 % en 2022, services tarifés inclus.
Surtaxation
Toujours selon M. Larochelle, la surtaxation à Laval est plus importante qu’elle n’y paraît.
Pour l’exercice 2020, par exemple, les surplus annoncés de 85,6 M$ se chiffreraient plus tôt à 134 M$, considérant que les dépenses réelles ont été en-deçà de celles budgétées, fait-il valoir.
Quant à 2021, après avoir remboursé 70 M$ au Service de la dette, la Ville trouverait le moyen de dégager un excédent sur les dépenses de l’ordre de 34,8 M$, en remet l’élu dont la formation politique s’était engagée à ne pas augmenter les taxes en 2022 si elle était portée au pouvoir.
Il juge par ailleurs inacceptable que l’administration Boyer demande aux élus «de reconduire des subventions et des programmes qui existent depuis des années sans qu’aucun chiffre, statistique ou bilan» ne leur soit présenté. «On n’est pas là juste pour mettre notre étampe, on a un devoir de s’assurer qu’on dépense intelligemment chaque dollar payé en taxes», termine Claude Larochelle.
Sa consoeur nouvellement élue dans Marc-Aurèle-Fortin, Louise Lortie, se dit pour sa part «assez déçue du processus entourant l’adoption du budget», notamment du «trop peu de temps pour poser des questions aux fonctionnaires, analyser toute l’information qui [leur] est transmise et pour prendre une décision qui aura des répercussions réelles sur la qualité de vie et la prestation de services aux citoyennes et citoyens».
Boyer réagit
En assemblée, le maire Stéphane Boyer a tenu à rappeler que contrairement à la tradition selon laquelle le budget est discuté et adopté dans les jours suivant son dépôt, les élus ont disposé cette année de trois semaines pour prendre connaissance d’un document détaillé de 667 pages qui leur avait été transmis par courriel le 20 décembre.
«On a eu lundi [10 janvier] une présentation de cinq heures avec les [directeurs de] services et on a répondu à toutes les questions», a indiqué le maire, ajoutant qu’au besoin cette rencontre aurait pu être prolongée en soirée, voire ajournée au lendemain.
Il a également défendu la gestion des finances de son administration, précisant que «les surplus de 2021 ont été affectés en grande partie au budget 2022 pour éviter d’augmenter davantage la taxation».
À cet égard, il a rempli son engagement électoral de «maintenir la hausse des taxes à un niveau inférieur à l’inflation», dit-il en évoquant une croissance de l’Indice des prix à la consommation (IPC) projetée autour de 3,4 % cette année.
Au sujet des effectifs qui augmentent de 269 employés équivalent temps plein en 2022, M. Boyer a affirmé qu’il fallait plutôt y voir «111 nouveaux postes» avec une majorité de «réembauches pour des postes saisonniers» et de «postes temporaires qui deviennent permanents».
Son premier budget reflète les priorités qu’il a défendues en campagne électorale, soutient celui qui s’est engagé, entre autres, à «améliorer la sécurité des citoyens et des employés de la Ville, optimiser les services et l’expérience citoyenne».
Enfin, il a terminé en répliquant à ses détracteurs qu’il «préfère investir dans les services à la population que réduire les taxes» et qu’en ce sens, le budget 2022 «répond aux besoins croissants de la population tout en assurant des services municipaux de qualité».