De retour du Festival western de Saint-Tite à bord de son petit motorisé, le retraité de 59 ans Denis Lefebvre est conscient de l’importance de ces semaines de sensibilisation pour continuer à changer le regard des gens sur les handicaps reliés à une lésion de la moelle épinière.
«Quand les gens te voient en fauteuil roulant, tu es classé comme malade, ils ne voient pas la personne active que tu es, confie le résident de Saint-Vincent-de-Paul depuis 25 ans. C’est bon de faire voir au monde le chemin parcouru et les efforts déployés pour atteindre l’autonomie dont vous êtes témoin.»
«D’autre part, nous voulons donner l’occasion aux personnes lésées médullaires et leur entourage de se rencontrer, d’échanger et fraterniser entre eux, continue Walter Zelaya, directeur général de MÉMO-Qc. Ils peuvent participer à différentes activités conçues pour eux et adaptées à leurs besoins.»
Utilité certaine
Randonnées en quad, souper rencontre, salon du voyage, webconférences sur la prévention des plaies et le chien d’accompagnement, les activités ont débuté le 10 septembre.
«Ces rencontres nous montrent d’autres possibilités auxquelles nous n’aurions peut-être pas pensé, que ce soit des activités sportives ou des technologies améliorées», ajoute Denis Lefebvre, un adepte du camping qui a joué longtemps au sein de l’équipe de basketball du Québec, en plus de pratiquer le ski alpin et le vélo à main.
À l’âge de 18 ans
Octobre 1975, Denis Lefebvre travaille comme apprenti ferblantier-couvreur. Il tombe du toit et ne se relève pas.
«Une vertèbre s’est brisée et a fortement sectionné la moelle épinière, affectant de nombreux muscles, principalement ceux de la taille aux pieds. Hospitalisé durant 4 mois, le paraplégique de 18 ans rentrera chez lui après 3 autres mois de réhabilitation. Les idées les plus sombres sont au rendez-vous.
«Tu remets tout en question, mais l’encouragement des amis et surtout, de la famille, m’a aidé, raconte le père de 2 enfants, une fille et un garçon qui ont respectivement 25 et 22 ans. Quand je suis arrivé chez moi, mon père m’a dit: t’as perdu tes jambes, mais pas les bras, alors peinture la maison!»
Le jeune homme a levé les bras pour montrer qu’il n’allait pas pouvoir aller bien haut. «Justement, commence, je n’aurai pas le choix de terminer, a été la réplique paternelle. Lui et les autres m’ont fait réaliser que l’important, ce n’est pas ce qui est parti, ce que je ne peux plus faire, mais ce que je suis capable d’accomplir.»
Au meilleur des capacités
Des intervenants de l’association ayant précédé MÉMO-Qc lui ont offert un soutien psychosocial, pendant qu’il essayait divers emplois (vitrail, fiscalité) avant de découvrir son futur métier: technicien en orthèses et prothèses. Après son cours collégial, Denis Lefebvre travaillera 28 ans au Centre de réadaptation Lucie-Bruneau, à Montréal, multipliant les évaluations cliniques en compagnie de médecins et d’ergothérapeutes.
«J’avais besoin d’aider en améliorant la condition de vie des gens, souligne celui qui s’est spécialisé dans le positionnement. On n’imagine pas comment stabiliser la posture d’une personne et augmenter son confort permet de maintenir et d’augmenter son autonomie.»
Au fil des ans, en plus de marier sa femme, Lucie, à qui il a tellement transmis la passion de son métier qu’elle est retournée sur les bancs d’école pour l’apprendre, Denis Lefebvre a savouré les avancées technologiques permettant désormais d’avoir un fauteuil roulant ajusté à la condition de chacun.
«Avec l’aide financière de l’assurance maladie et la technologie toujours en progression, il est fini le temps où tu allais acheter un fauteuil tout croche au marché aux puces!»