«À pareille date l’an dernier, nous avions facilement 15 dossiers de fugues ouverts alors qu’en ce moment, nous en sommes à 3 ou 5 en moyenne», confirme Évelyne Boudreau, des Affaires publiques de la Police de Laval.
«Quand les portes sont barrées, c’est sûr que les filles qui veulent partir sur un coup de tête ne peuvent plus réaliser leur plan», d’ajouter Marlène Langevin et Mélissa Carrera, deux agentes d’intervention communautaire spécialisées dans l’intervention auprès de jeunes filles vulnérables ou victimes d’exploitation sexuelle.
Autres échos
Pour le Syndicat des employés du Centre jeunesse Laval (SECJL), cette diminution notable est d’abord attribuable à d’autres initiatives et changements, bien que le verrouillage de l’entrée ne puisse pas nuire.
«Ce serait surprenant qu’une telle baisse soit la conséquence directe de portes barrées, quand on sait que 70 % des fugues se produisent lors de sorties extérieures autorisées, de souligner Pierre Crevier, président du SECJL. Avec la grande médiatisation qu’on vient de connaître, l’attribution de sorties provisoires a dû être révisée de façon plus stricte et les filles y pensent elles-mêmes deux fois avant de fuguer et en connaître les conséquences.»
Au Comité des usagers du CISSS de Laval, le propos est semblable et s’appuie sur les observations d’André Lebon qui devait vérifier si toutes les règles et procédures d’encadrement au Centre jeunesse avaient été respectées et appliquées comme elles se doivent.
«Le travail se fait de façon correcte à l’intérieur de l’établissement, nous n’en doutions pas, affirme Michel Morel, vice-président de l’organisme. Les fugues viennent rarement de l’interne. Nous questionnons plus les répercussions qu’auraient pu avoir les compressions sur le budget et les ressources disponibles au Centre jeunesse de Laval.»
Fin mars, début avril, le Comité des usagers compte d’ailleurs se pencher sur l’aide de 600 000 $ sur trois ans promise par Québec. «On nous parle, entre autres, de la venue d’un coordonnateur, de dire M. Morel. On veut savoir quel sera ses tâches et son rôle.»
Rapport bien accueilli
Pour Marlène Langevin et Mélissa Carrera, les policières lavalloises rattachées au programme Les Survivantes, un autre passage du rapport Lebon retient l’attention.
«Il mentionne que toute cette problématique de la fugue et de l’exploitation sexuelle de nos adolescentes n’émane pas que du Centre jeunesse, mais que l’école est aussi un lieu de recrutement, de spécifier le duo. C’est là que la fille entend ce qu’elle veut se faire dire, qu’elle est belle et bonne, etc.»
Les deux agentes saluent finalement le programme Prévention Jeunesse annoncé le 16 février. À Laval, le projet vise à lutter contre l’exploitation sexuelle et à renforcer la coordination entre les intervenants locaux sur le terrain.
«Grâce à cette transmission d’information entre les différents types d’intervenants, éducateur, policier, personnel en santé et services sociaux et autres, on va pouvoir agir plus efficacement dans le cas par cas, voir ce qu’on peut faire pour aider chaque jeune fille, une par une.»