Troisième attentat terroriste en 18 mois à secouer la France, la folie meurtrière qui a frappé sur la promenade des Anglais, le 14 juillet au soir, a jeté la consternation chez ces deux ressortissants français très impliqués sur la scène politique lavalloise.
«Encore une fois, cette scène d’horreur ne visait pas des cibles militaires, mais des innocents. Des civils, des femmes et des enfants. Ça dépasse l’entendement», a réagi Pierre Anthian, dont les tantes jumelles, oncles et cousins, qui habitent le joyau de la Côte d’Azur, n’ont «pas été touchés physiquement».
Même constat chez Jean-Claude Gobé, qui s’est dit «heurté» par le drame.
«C’est tellement malheureux, dit-il en pensant à toutes ces innocentes victimes. Ce sont les nouvelles cibles les plus vulnérables […] Des gens, des enfants, qui vont à des fêtes et n’ont rien fait pour exacerber la hargne, la haine de ces gens-là. C’est ça qui est dégueulasse.»
Le plus grand danger et défi
De tout cœur avec ses compatriotes, Pierre Anthian leur rappelle que malgré la douleur, ils doivent «continuer à vivre normalement et ne pas céder à la peur ni à une telle horreur».
«Il ne faut pas baisser les bras et ne pas tomber dans l’extrémisme non plus», avise pour sa part le chef du parti Action Laval, qui a appris la nouvelle de l’attentat alors qu’il se rendait à une cérémonie à la résidence de la Consule générale de France, à Montréal.
«On a certainement une responsabilité, poursuit M. Gobé, en appelant le pouvoir politique à une certaine introspection. Il faut se questionner sur ce qu’on a manqué et ce qu’on peut faire pour éviter que des gens se marginalisent. Notre société laisse de plus en plus de jeunes sur le carreau, sans emploi, sans avenir et désillusionnés. On doit se poser ces questions.»
L’imprévisibilité des attaques de ces loups solitaires qui, souvent, échappent aux radars de la sécurité anti-terroriste est à la fois le plus grand danger et le plus grand défi auxquels la société est confrontée, enchaîne Jean-Claude Gobé.
«Il n’y a pas un régiment qui peut arrêter un camion qui décide de foncer sur une foule ni un service de renseignement qui peut le prévenir», souligne cet ancien officier de l’armée française.
Leur coin de pays
La tragédie survenue le 14 juillet au soir leur est d’autant plus douloureuse que MM. Anthian et Gobé connaissent bien les lieux du drame.
«J’ai vécu sur la rue de la Loge dans le Vieux-Nice pendant six mois en 1981», indique Pierre Anthian, établi au Québec depuis 1995.
Entre 1985 et 1990, il est retourné vivre sur la Côte d’Azur, plus précisément à Cannes, où il étudiait le théâtre lyrique au Conservatoire de musique et théâtre de l’endroit.
«Pendant ces 5 années, on allait souvent à Nice, située à 35 kilomètres d’où je vivais, un incontournable au niveau des arts et de la culture», mentionne celui qui décrit la promenade des Anglais comme «un immense parc linéaire, une place festive animée par des amuseurs publics et des artistes de rue».
Quant à Jean-Claude Gobé, il connaît tout aussi bien Nice pour avoir vécu une bonne dizaine d’années dans le Sud de la France jusqu’à ce qu’il quitte sa terre natale pour le Québec, en 1972.
Pensionnaire à Montpellier, il a fait l’école militaire au Centre national d’instruction des troupes de marine françaises, à Aix-en-Provence, avant de rejoindre le 7e régiment d’artillerie de marine, basé à Fréjus, tout près de Nice, où il a été officier de 1967 à 1971.
Enfin, des amis et un cousin germain qui habitent la Provence l’amènent régulièrement à séjourner à Nice, termine-t-il.