Ce jeudi, elle rencontrera de nouveau son médecin pour convenir d’un plan de traitement qui, selon elle, aurait pu être évité. Le rapport d’anatomo-pathologie fait état des tristes répercussions qu’ont eu les dédales administratifs sur la santé de la patiente.
«Je n’en veux surtout pas aux médecins, mais à la bureaucratie, souligne Geneviève Pilon. Je devais être opérée en juillet. Bien sûr, six mois plus tard, ça s’est bien passé, j’ai été bien traitée. Mais je vais rencontrer un avocat pour regarder tout ça et possiblement déposer une action en justice dans le dossier.»
Maintenant, Mme Pilon se demande à quel point et à quels autres organes s’est propagé le cancer.
Surmonter les obstacles
Il aura fallu attendre quatre ans entre l’apparition des premiers symptômes et l’opération du 5 janvier dernier.
Plus tard, lorsqu’on l’a diagnostiquée, le 22 octobre 2015, l’endocrinologue lui a dit que le cancer n’est pas dangereux quand il est découvert rapidement. À l’époque son « médecin avait jugé que ce n’était pas grave et que cela arrivait des fois.»
Geneviève Pilon est alors recommandée à un oto-rhino-laryngologiste (ORL) de l’hôpital pour que l’ablation de ses 2 tumeurs soit faite d’ici 30 jours. Deux mois plus tard, elle n’avait pas encore été opérée. Pourquoi? Parce qu’on avait perdu ses requêtes à plusieurs reprises.
«Ce que je déplore, c’est que les papiers se perdent et, à chaque fois que j’ai appelé, plutôt que de vérifier, on me disait qu’on les avait sûrement et d’attendre qu’on m’appelle, indique-t-elle. Dans ce processus, j’ai quasiment perdu un mois.»
En décembre, son chirurgien l’a même appelée personnellement, car il avait eu vent des problèmes en lien avec son dossier. «J’ai une connaissance qui a la même chose que moi, sauf que ce n’est pas cancéreux, raconte-t-elle, exténuée par ces déboires administratifs. Il a été diagnostiqué après moi et il est déjà opéré depuis le 1er décembre. On lui a enlevé par prévention.»
Plainte
Elle a déposé une plainte auprès du bureau du Commissaire aux plaintes et à la qualité des services du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval, concernant un problème de gestion de son dossier à l’hôpital.
La Direction des communications nous a répondu par courriel que «de façon générale, dans le cas d’un bris […] du cheminement d’une demande de services spécialisés, une revue des processus est effectuée afin de corriger la situation le plus rapidement possible».
Par ailleurs, on ajoute qu’il n’y a pas souvent de plaintes reçues pour ce genre de situation. Est-ce que les nouvelles structures organisationnelles en lien avec la Loi 10 et les réductions de postes dans plusieurs départements pourraient avoir une incidence sur la qualité du service du réseau?
«La réorganisation […] n’a pas eu pour effet de diminuer l’accessibilité et la qualité de nos services», assure-t-on.
Ministère
Geneviève Pilon a aussi envoyé une lettre détaillant son long processus au sein du système lavallois à son député provincial, Jean Habel, qui a transmis le document au ministère de la Santé et des Services sociaux. L’attaché politique du ministre Gaétan Barrette, Bernard Tessier, a répondu quelques jours plus tard à la Lavalloise que «[ses propos] avaient été lus avec intérêt et ont fait l’objet d’une profonde considération.» On mentionne également que sa lettre a été portée à l’attention des autorités concernées.
(Collaboration de Benoit LeBlanc)