L’affaire remonte au 28 novembre dernier, lors d’une rencontre entre Fernand Lanteigne, cofondateur de l’entreprise, et Danielle St-Amour, responsable du suivi du projet informatique à l’Agence.
«On venait de finaliser le programme informatique et la veille, elle [Danielle St-Amour] devait rencontrer le CSSS pour lui présenter le projet», se souvient M. Lanteigne. À la suite de cette réunion, il apprit qu’un autre fournisseur développait un projet similaire pour le compte du CSSS de Laval. «Finalement, on va garder l’autre [compagnie]», leur aurait-on dit à l’Agence.
Toute une surprise pour l’homme d’affaires puisque Zebra Gestion avait signé un contrat de partenariat deux ans plus tôt. «Ce contrat a été signé par le président-directeur général de l’Agence, M. Desjardins, et le directeur du CSSS. Il [le contrat] comprenait une clause de transparence qui disait de nous tenir au courant de n’importe quel changement, fait valoir celui qui ne comprend toujours pas comment une telle situation s’est produite. C’est comme si la main gauche ne parlait pas à la droite.»
Très satisfait
Ce projet informatique faisait suite à un premier volet qui avait visiblement conquit les responsables de l’Agence.
«Dans un premier temps, on avait développé un entrepôt de données concernant les services ambulatoires dits de 1ère ligne», se souvient Fernand Lanteigne. L’outil payé 175 000 $ et qui permet à l’Agence de rassembler quotidiennement le résultat des activités d’intervention et de suivi réalisées dans les différents CLSC est une mine d’information pour les gestionnaires. «Ils m’ont demandé de travailler sur un projet plus gros, comprenant l’hébergement, les cliniques externes, l’hospitalisation et l’urgence», poursuit l’homme de 60 ans.
Contrat de partenariat
Voyant le grand potentiel d’affaires, l’entrepreneur propose à l’Agence de devenir l’ambassadeur du programme ou la «vitrine technologique» auprès des autres institutions de santé du Québec en échange de la réalisation sans frais du 2e volet du projet.
«Le contrat de partenariat dit qu’on se sert d’eux pour la connaissance métier et ils devaient appeler les autres CSSS pour faire la promotion [du système]. Étant aussi le plus gros CSSS du Québec, Laval nous permettait d’avoir la connaissance et les compétences pour implanter le système dans les autres centres en à peine un mois», poursuit Fernand Lanteigne.
Début de la procédure judiciaire
Ayant le sentiment d’avoir été flouée et laissée sur le carreau, Zebra Gestion a envoyé une mise en demeure dont l’échéance, initialitialement fixée au 24 janvier, a été reportée au 7 février prochain.
La poursuite envers les organismes publics de santé pourrait s’élever à 7 M $, une somme évaluée selon les dommages, le travail effectué et les revenus futurs anticipés. «Le coût du projet est difficile à quantifier car ça nous a coûté de l’argent à nous et à l’Agence qui a dégagé plusieurs de ses agents. On parle de beaucoup d’argent, de connaissances métiers, de centaines de rencontres en plus de l’acquisition de serveurs informatiques par l’Agence.»
L’entreprise, qui compte 4 employés et plusieurs sous-traitants, ne pourra plus fonctionner.
«Moi et mes associés avons passé tout notre temps sur le projet et l’entreprise a quasiment été créée que pour ça, conclut Fernand Lanteigne déçu de l’aboutissement du projet qui représentait un apport social fort intéressant, selon lui. «Même pour le gouvernement, c’est un outil extraordinaire avec des données solides et des rapports exhaustifs. Le système d’alerte mis en place leur permettait de réagir immédiatement.»
Contactée, l’Agence n’a pas voulu commenter l’affaire, actuellement entre les mains de leurs avocats.