L’Étude sur la foresterie urbaine de Laval évaluait sa superficie à 86 hectares, au début des années 1990. Le boisé ne couvre plus que 74 ha, selon les évaluations du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, faites à partir de photographies aériennes récentes.
Ville de Laval prévoit mettre en place une zone de conservation de 45 ha, selon un rapport d’analyse du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) obtenu par l’Édition de quartier Sainte-Dorothée/Ouest de Laval.
Dans le document, daté du 16 août 2006, le biologiste Yves Marquis recommande l’émission d’un certificat d’autorisation pour le remblayage de milieux humides afin de permettre le développement dans le voisinage du bois de la Source.
Dans la partie à conserver, le plan d’aménagement, qui a été confié à la firme Dessau-Soprin, «vise le maintien du territoire à l’état naturel le plus possible, peut-on lire dans une communication du service de l’ingénierie de la Ville au comité exécutif. Des activités éducatives et récréatives pourront toutefois y prendre place et des aménagements légers pourront y être construits (sentiers pédestres ou cyclables, trottoirs de bois, panneaux d’information ou d’interprétation, bancs de repos, tables à pique-nique…)».
Compensations «bidons»
Là ou le bât blesse, selon le CRE Laval, c’est au niveau des compensations prévues pour palier à la disparition totale ou partielle de huit milieux humides touchés par les futurs développements domiciliaires.
Les inquiétudes sont surtout dirigées vers une grande zone boisée avec marécage, au sud de la rue Panneton, exclue de la superficie à conserver. «On perd un marécage et une érablière à érables argentés et à érables rouges, un milieu humide bien installé, qui fait partie d’une trame forestière intéressante», déplore le biologiste du CRE, Richard Pelletier.
Le directeur du CRE Laval, Guy Garand, se promet de visiter la zone ce printemps, afin de vérifier si ce marécage est en lien avec un cours d’eau au sud. Si c’est le cas, la procédure à suivre pour obtenir l’assentiment du ministère sera plus ardue. «Notre crainte, c’est que les travaux débutent avant le dégel.» Selon le porte-parole de Ville de Laval, les promoteurs devront attendre que le processus entamé auprès du MDDEP soit complété, ce qui prendra des mois.
M. Pelletier s’explique mal pourquoi la Ville priorise plutôt la zone humide à l’est, à proximité de la rue Stéphanie. La Ville entend y planter arbres et arbustes, afin de compenser la perte d’autres milieux humides à proximité. «C’est un milieu qui est très perturbé, estime Richard Pelletier. On s’acharne sur un boisé de peu de valeur […] et on perd un marécage ancien.» Quant à l’idée de planter des espèces indigènes, le biologiste n’y croit pas. «Je ne vois pas en quoi ça va compenser. Pour moi, c’est une mesure bidon.»
Perte nette
Autre irritant: 92% des compensations prévues pour les milieux humides sacrifiés consistent à mettre en valeur une érablière à érable à sucre incluse dans la zone à protéger. On «remplace» donc des milieux humides par de l’entretien – coupe d’arbres malades, plantation d’arbres – en milieu forestier. Cette façon de faire va à l’encontre du principe d’«aucune perte nette» de milieux humides, pourtant évoquée à plusieurs reprises par le maire Vaillancourt.
Dans une note de la Direction du patrimoine écologique et des parcs (une direction du MDDEP), datée du 6 mai 2005, le directeur Léopold Gaudreau qualifie de «questionnable» l’approche de la Ville. «Du point de vue écologique, les fonctions et la biodiversité associées aux milieux humides ne sont pas les mêmes que celles jouées par un milieu terrestre.»
Le ministère a toutefois conclu que l’ensemble du projet augmentera «la valeur écologique de l’ensemble du bois de la Source». Si l’approche de la Ville n’était pas valable du point de vue environnemental, «on se ferait arrêter par le ministère», fait valoir le porte-parole de la municipalité, Jean-Claude Beaudry.