La Société canadienne du cancer (SCC) exhorte les provinces et les territoires d’abaisser l’âge d’admissibilité à 40 ans pour les personnes présentant un risque moyen de la maladie dans le cadre de leurs programmes de dépistage du cancer du sein.
La SCC modifie sa position afin de tenir compte de l’évolution des données probantes, des appels à l’action suscités par le mécontentement de voir de nombreuses femmes de 40 à 49 ans exclues des programmes de dépistage ainsi que des lignes directrices nationales élaborées par le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (GECSSP).
Dépistage précoce
On estime qu’une Canadienne sur huit recevra un diagnostic de cancer du sein au cours de sa vie. Selon la SCC, il est important de donner accès au dépistage pour détecter le cancer du sein de façon précoce, lorsque les chances de réussite du traitement sont meilleures. Effectuées régulièrement, les mammographies aident à détecter le cancer tôt et à réduire le risque de mourir de la maladie.
«La question du dépistage du cancer du sein est complexe et l’âge idéal pour commencer le dépistage a été au cœur d’un débat entre experts, explique Sandra Krueckl, vice-présidente principale, Mission, information et services de soutien, via communiqué. Au cours des dernières années, on a vu naître un mouvement de fond prônant le dépistage à partir d’un plus jeune âge de même qu’un système plus inclusif, ce qui permettrait aux personnes de 40 à 49 ans, peu importe où elles vivent, d’accéder au dépistage sans avoir à surmonter des obstacles. Nous devons répondre à cette volonté et veiller à ce que les personnes présentant un risque accru ou élevé de cancer du sein, par exemple en cas de mutations génétiques, d’antécédents familiaux ou de forte densité mammaire, disposent de recommandations claires en matière de dépistage.»
La SCC souhaiterait également que toutes les provinces offrent aux personnes présentant un risque élevé de cancer du sein (établi par une évaluation du risque) la possibilité d’avoir accès directement au dépistage, même si elles ne sont pas dans le groupe d’âge visé par le programme de dépistage du cancer du sein. Cela permettrait de pallier dans l’immédiat les difficultés d’accès au programme provincial de dépistage.
Le GECSSP est censé publier ses nouvelles lignes directrices sur le dépistage du cancer du sein plus tard ce mois-ci, mais il incombe aux gouvernements provinciaux et territoriaux de fixer l’âge du début et de la fin du dépistage dans le cadre de leurs programmes respectifs.
De plus en plus de provinces canadiennes donnent déjà accès au dépistage du cancer du sein à partir de 40 ans.
Alors que les provinces et territoires se pencheront sur les nouvelles lignes directrices nationales, la SCC demande aux administrations qui ne l’ont pas encore fait d’abaisser à 40 ans l’âge pour le début du dépistage, et ce, pour les femmes ainsi que les personnes trans, non binaires et de diverses identités de genre qui présentent un risque moyen de cancer du sein.
Une telle mesure serait en phase avec les lignes directrices récemment publiées aux États-Unis, recommandant l’élargissement de l’accès au dépistage du cancer du sein pour inclure les personnes de 40 à 49 ans.
Cette orientation reflète également les nouvelles données probantes qui ont été publiées depuis la dernière mise à jour des lignes directrices canadiennes, en 2018.
«On m’a diagnostiqué un cancer du sein avancé à l’âge de 48 ans, indique Isabelle Rochefort, utilisatrice de la plateforme ParlonsCancer.ca offerte par la SCC, par voie de communiqué. À 45 ans, j’ai passé une mammographie préventive en raison de mon vitiligo. Le dépistage a révélé des kystes bénins, qui auraient dû éveiller les soupçons. Comme j’étais dans la quarantaine, la recommandation fut d’appliquer le suivi régulier et d’attendre d’avoir 50 ans pour accéder à une mammographie tous les deux ans. Si j’avais bénéficié de ce programme de dépistage plus tôt, j’aurais pu être diagnostiquée à un stade plus précoce.»
Appui
Selon une enquête Ipsos menée en février 2024 pour le compte de la SCC, 90% des Canadiens appuient l’élargissement de l’accès au dépistage du cancer du sein pour inclure les personnes de 40 à 49 ans, même si cela entraîne une hausse de leurs impôts.
«Abaisser l’âge pour le début du dépistage constitue une étape importante; cela permet de détecter davantage de cancers et de les détecter plus tôt, lorsque le traitement a le plus de chances d’être fructueux, indique David Raynaud, gestionnaire principal, Défense de l’intérêt public à la SCC, dans la même communication aux médias. Il nous faut également mener plus d’études pour accroître les connaissances sur le dépistage et sur le risque, de sorte que nous puissions mieux comprendre l’impact du cancer du sein au Canada. Par ailleurs, nous avons besoin de déployer une approche collaborative à travers le pays et dans le milieu du dépistage du cancer du sein afin de travailler en priorité sur cet enjeu tous ensemble.»
Autres interventions
À mesure que l’accès au dépistage s’élargit, tous les gouvernements doivent investir dans la prévention, la détection précoce, le dépistage, le diagnostic et le traitement, et remédier aux graves pénuries de main-d’œuvre qui sévissent actuellement dans le milieu des soins de santé, en particulier dans les zones rurales et éloignées.
Cela nécessite entre autres de faire de nouveaux investissements afin de permettre d’abaisser l’âge pour le début du dépistage et d’accroître la participation globale.
Il importe d’adopter des approches respectueuses de la culture des communautés qui font face à des obstacles et à des inégalités pour accéder au dépistage du cancer du sein, ainsi que des stratégies qui augmenteront leur participation.
Les solutions doivent être élaborées conjointement avec les communautés qui sont mal desservies, notamment les Premières Nations, les Inuits, les Métis, les communautés racisées, les communautés rurales et éloignées et les communautés 2ELGBTQI+.
De plus, il est crucial d’améliorer les données sur le dépistage du cancer du sein afin que les décideurs et les gestionnaires du système de santé puissent mieux surveiller la santé de la population, améliorer la qualité et la prestation des soins de santé, et alimenter la recherche de même que la pratique.
La Stratégie pancanadienne de données sur le cancer et la Charte pancanadienne des données sur la santé définissent d’importantes avenues pour enrichir les données au pays.
La compréhension globale du cancer du sein n’a pas cessé d’évoluer et de s’accroître; les provinces, les territoires, le gouvernement fédéral et le GECSSP ont tous l’obligation de veiller à ce que les programmes de dépistage progressent au même rythme que le contexte dans lequel ils s’inscrivent. (C.P./IJL)