La réalisatrice Marie-France Laval a choisi de mettre les pères en valeur dans cinq courts-métrages filmés majoritairement à Laval.
Quatre d’entre eux ont été présentés en primeur à la Maison des Arts de Laval, le jeudi 7 décembre.
Les courtes capsules abordent plusieurs enjeux autour de la paternité: la place du père dans la famille, le rôle traditionnel de pourvoyeur, la charge mentale, la vision de la société ou encore la persévérance malgré les obstacles.
Aider les pères
Stéphane Trouin, intervenant en paternité depuis 10 ans, à la Maison de Quartier Vimont a été le lien avec plusieurs pères des vidéos. L’idée de Marie-France Laval de présenter la paternité de façon positive lui a beaucoup plu. «Il y a aussi de belles histoires avec les pères», souligne-t-il.
Dans son travail, Stéphane Thouin voit de plus près les embûches que rencontrent les pères pour prendre leur place dans la famille.
Le rôle de Stéphane Thouin est d’accompagner les pères dans leur entrée dans le monde de la paternité. Rencontres prénatales, ateliers, activités papa-enfant, soupers entre papas, groupe de musique – plusieurs astuces sont prises pour permettre d’outiller mieux les pères et de leur donner confiance en leurs capacités. Il les incite aussi à se confier, ce qu’ils ont moins tendance à faire.
«Un père qui va s’impliquer va faire en sorte que la mère a moins de charge mentale», résume-t-il.
Père moins important
Marie-France Laval a constaté que «la société considère encore que la mère est plus importante». Stéphane Thouin souligne que leurs approches sont certes différentes mais tout autant bénéfiques.
«Les pères vont faire les choses de façon différente, mais ça veut pas dire que ce sera pas bon», explique-t-il.
Dans l’expérience, plusieurs pères ont souligné ce manque de confiance de la société envers eux. Tables à langer uniquement dans les toilettes des femmes, appels de l’école faits systématiquement à la mère, bulletins envoyés uniquement à la mère, etc.
C’est «plus facile pour une femme d’être en confiance que ça va bien se passer, parce qu’on lui a toujours dit», raconte Jean-René Lavoie, un des pères du projet.
Pendant les tournages, le père de Saint-François souhaitait montrer les difficultés de prendre sa place même avec beaucoup de volonté. Il lui est déjà arrivé de se faire prendre sa fille des bras, car on considérait qu’il ne serait pas capable de la consoler. Il désire défaire ces préjugés.
Au final, «l’enfant ne fait pas la différence. On peut lui imposer une différence, mais fondamentalement il ne la fait pas.
Les collaborateurs ont remarqué que la société changeait sur ces idées, mais pas aussi vite qu’espéré. «Je crois que le congé paternité est un gros plus pour les familles, car le défi des pères, c’est de créer la relation avec l’enfant», souligne Marie-France Laval.
Le projet vidéo est complémenté d’un site internet et d’une exposition photo conçue par Gaëlle Vuillaume. Des expositions et projections auront lieu dans deux bibliothèques de Laval au printemps. Ils seront en mai à la bibliothèque Multiculturelle et en juin à la bibliothèque Sylvain-Garneau à Sainte-Rose.
Parole aux pères
Depuis 12 ans, Marie-France Laval se concentre sur la réalisation de documentaires et d’œuvres de fiction. «Je veux raconter des histoires sur des sujets qui m’intéressent et faire avancer la société.»
C’est ainsi qu’elle a mis le doigt sur la paternité. «J’ai vécu dans un foyer avec deux parents mais c’était assez dysfonctionnel. Donc, je me suis posé beaucoup de questions sur la paternité plus jeune.» Elle souhaitait donner la parole aux pères quant aux défis particuliers qu’ils vivent.
«Si mon projet peut sensibiliser les hommes à être moins fuyants et plus présents dans la vie de leur enfant malgré les obstacles», précise-t-elle. Elle encourage le public à «avoir une ouverture pour laisser plus les hommes s’impliquer dans la vie de leur enfant».
Le projet a été fait dans le cadre du programme «Des ponts culturels, d’une rive à l’autre», du Conseil des arts de Montréal, avec la collaboration du Conseil des arts et des lettres du Québec.
Marie-France Laval désirait prendre des pères qui se différencient autant par leurs origines que par leur vécu. Les pères ont collaboré en cocréation tout au long du projet pour donner leur vision de la parentalité.