La majorité d’entre eux ont été arrêtés, en 2013, lors de la spectaculaire rafle de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) de la Sûreté du Québec, puis accusés, entre autres, de fraude envers le gouvernement, de complot, d’abus de confiance et de corruption dans les affaires municipales.
Une semaine après la mise au jour de ce système, la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction s’y est intéressée de près.
Pendant 16 journées d’audiences, pas moins de 20 témoins ont défilé à la barre de la commission Charbonneau, dont 4 ex-conspirateurs contrits qui ont choisi de tout déballer.
Ce sont d’ailleurs les troublantes révélations entendues à la Commission qui ont convaincu l’administration Demers d’entreprendre les procédures civiles «pour récupérer l’argent volé aux Lavallois», comme il s’y était engagé en campagne électorale.
Cartels
Parmi les témoins-clés de la Commission, l’ingénieur à la retraite Roger Desbois était au cœur des deux cartels d’entrepreneurs et d’ingénieurs, qui faisaient la pluie et le beau temps à Laval.
D’une part, il gérait la collusion auprès de 18 entreprises en construction et leur collectait la ristourne de 2 % des contrats publics, dont elles avaient truqué les appels d’offres.
Aux mêmes fins, il agissait, d’autre part, à titre de collusionnaire en présence de huit autres firmes de génie-conseil.
M. Desbois, qui oeuvrait pour Tecsult (aujourd’hui AECOM), a identifié tous les répondants pour les deux cartels. Vingt d’entre eux figurent parmi les 35 présumés complices de l’ex-maire de Laval, dont l’enquête préliminaire du mégaprocès s’ouvrira au printemps 2015.
Toutefois, une dizaine de conspirateurs identifiés dans son seul témoignage n’ont pas été épinglés par l’UPAC, lors du fameux coup de filet du 9 mai 2013. Quant aux entreprises collusionnaires avec lesquelles M. Desbois traitait, elles sont une demi-douzaine à avoir échappé aux griffes de la justice.
En prenant seulement en compte ce témoignage et les arrestations liées à l’Opération Honorer, on parle d’une cinquantaine d’individus et de 25 entreprises qui auraient été impliquées dans le système de collusion et de corruption entre 1996 et 2010.
Individus arrêtés dans l’Opération Honorer
Le 9 mai 2013, jour marquant la frappe de l’UPAC à Laval, le commissaire à la lutte contre la corruption, Robert Lafrenière, avait identifié trois groupes distincts, à savoir le maire et deux hauts fonctionnaires, tous trois accusés de gangstérisme, les facilitateurs, représentés par un frère du maire, un notaire et trois avocats, et le clan formé des entrepreneurs et ingénieurs.
Voici la liste des 37 coaccusés.
Élu et hauts fonctionnaires
Gilles Vaillancourt
Claude Asselin
Claude de Guise
Facilitateurs
Robert Talbot
Pierre L. Lambert
Jean Bertrand
Jean Gauthier
Guy Vaillancourt
Construction
Antonio «Tony» Accurso (Louisbourg et Simard Beaudry)
Joseph Molluso (Louisbourg)
Anthony Mergl (Nepcon)
Ronnie Mergl (Nepcon)
Mike Mergl (Construction Mergad)
Marc Lefrançois (Poly Excavation)
Jocelyn Dufresne (Jocelyn Dufresne inc.)
Normand Bédard (Sintra)
Mario Desrochers (Sintra)
Guy Desjardins (Les Entreprises Guy Desjardins)
Claude Desjardins (Desjardins Asphalte)
Giuliano Giuliani (Giuliani inc.)
Carl Ladouceur (Carl Ladouceur Excavation)
Daniel Lavallée (Lavallée & Frères)
Léonardo Moscato (Construction Timberstone)
Patrick Lavallée (J. Dufresne Asphalte)
Luc Lemay (J. Dufresne Asphalte)
Lyan Lavallée (Ciments Lavallée)
Valmont Nadon (Valmont Nadon Excavation)
Ingénierie
Rosaire Sauriol (Dessau)
Serge Duplessis (Dessau)
Laval Gagnon (Cima+)
Louis Farley (Cima+)
Yves Théberge (Cima+)
Yanick Bouchard (Genivar)
François Perreault (Genivar)
Feu Robert N. Cloutier (MLC Associés)
Alain Filiatrault (Filiatreault McNeil & Associés)
Guy Jobin (Equilux)