«Nos normes de capacité de drainage ayant augmenté, nous avons besoin de construire un bassin avec une capacité suffisante pour assurer la rétention des eaux de pluie lors de fortes précipitations, afin d’éviter une surcharge du réseau existant environnant», explique le porte-parole de la Ville, Marc Laforge.
Trois nouvelles rues qui figurent au plan d’aménagement de la Ville devront être redessinées, pour faire place au bassin: des Abeilles, de Bari et d’Alexandrie. Elles seront aménagées en même temps que le bassin. Laval attend, pour aller de l’avant, l’approbation du gouvernement du Québec.
Expropriation
Une autre étape reste également à franchir, pour réaliser le projet. En effet, le nouveau bassin sera creusé sur des propriétés privées qui ont fait l’objet de négociations, entre la Ville et les propriétaires. Dans 11 des 13 cas, ces derniers ont accepté l’offre de la municipalité, variant entre 6,50$ et 7,50$ le pied carré.
Deux autres terrains, dont les propriétaires refusent les termes de l’entente proposée, devront être expropriés. Les dépenses liées aux procédures légales pour l’expropriation peuvent atteindre 15 000$, selon un document du Service de l’évaluation soumis au comité exécutif, en janvier. «Tous les coûts seront défrayés par les propriétaires», précise Marc Laforge, par le biais d’une taxe au pied carré.
changements climatiques
L’aménagement de bassins de rétention artificiels est «une méthode plutôt récente, employée depuis environ 10 ans, indique Anne-Marie Parent, consultante en aménagement et environnement, pour l’entreprise PLA consultants. Les changements climatiques y sont pour beaucoup. On a beaucoup, maintenant, ce qu’on appelle des « flash storms » [pluies très fortes de courte durée]».
Plutôt que d’aller engorger le système d’égout directement, explique Mme Parent, l’eau de pluie «va dans ce « bain » et se déverse graduellement» dans les canalisations. Le rôle des bassins de rétention est donc de retenir le ruissellement pendant un certain temps. «Ça permet d’amenuiser les effets des surverses», c’est-à-dire le trop-plein d’eau que les usines d’épuration n’arrivent pas à traiter lors d’orages, ajoute M. Laforge.
La nouvelle tendance veut qu’on table plutôt sur les milieux humides pour drainer l’eau de pluie des centres urbains, note Mme Parent. «Au lieu de faire tout un réseau [artificiel], on garde le réseau de drainage de surface existant. L’idéal, c’est de garder le milieu naturel», explique-t-elle.
Dans les secteurs déjà remblayés et nivelés, «on peut venir greffer un canal de drainage ou un bassin à un milieu humide déjà existant». L’utilisation des milieux naturels en ville est moins coûteuse que l’aménagement de bassins, admettait Yann Vergriete, chargé de projets à l’Institut de recherche en biologie végétale, lors du Colloque montréalais sur les stratégies de verdissement, qui se déroulait le 19 février.
Afin d’éviter la contamination de ces milieux fragiles, met-il en garde, il peut être approprié de créer des étapes de filtrations en amont. M. Vergriete, qui a participé à l’Étude des biotopes urbains et périurbains de la Communauté métropolitaine de Montréal, initiée par le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, préconise par ailleurs l’utilisation de la végétation et de chaussées perméables, par exemple, pour réduire le ruissellement dans les milieux urbains. «De façon générale, je crois que l’on peut au moins diminuer la taille de telles infrastructures, dit-il en parlant des bassins de rétention artificiels. Dans les milieux très urbanisés, en considérant des événements extrêmes, il n’est pas nécessairement très facile d’éliminer totalement ces bassins… surtout si on considère que le gel du sol en hiver empêche l’infiltration et que le printemps peut alors être une période d’intense ruissellement. Toutefois, des infrastructures de plus petite taille réparties sur le territoire peuvent être une voie plus efficace.»
Une centaine de ces bassins existent à l’heure actuelle sur le territoire lavallois. Leur installation peut coûter de 100 000$ à 700 000$, estime Marc Laforge. «Cela dépend de la capacité et du profil du terrain.»