Les Éditions Druide ont publié le recueil Crimes à la librairie le 26 mars dans la collection Reliefs. Le lancement officiel a eu lieu le 1er avril. Depuis, les 3000 exemplaires de la première impression ont été écoulés et la critique est unanime, autant chez le lectorat amateur de sueurs froides que chez les critiques du genre.
Sortir d’Europe
Il y a trois ans, la librairie Monet, à Montréal, invite Richard Migneault à conseiller la clientèle lors d’un salon du polar. Ce dernier est surpris de voir la méconnaissance des spécialistes québécois du genre.
«On manque de publicité, d’indiquer Richard Migneault. J’ai voulu faire ma part, d’abord par le biais du blogue Polar, noir et blanc que j’anime depuis plus de quatre ans. Puis, j’ai voulu trouver un moyen plus concret. Cette publication dresse un portrait ponctuel du polar au Québec.»
Livres et voyages
Si tous trempent leur plume dans le sang, chaque auteur y va d’un univers bien personnel. La folie un brin fantastique de Patrick Senécal côtoie la veine très noire d’Ariane Gélinas et l’émotion brute de Martine Latulippe, alors que Martin Michaud entraîne le lecteur dans une librairie américaine et Mario Bolduc nous transporte en Croatie. Quand la libraire n’est pas incendiaire, c’est un voleur d’incunables qui sévit à la page suivante.
«La librairie est parfois un personnage principal, parfois secondaire, observe Richard Migneault. Certains auteurs, je pense notamment à Robert Soulières, tout comme Sylvain Meunier, qui écrit pour la jeunesse, ont adopté un style complètement différent. Ils se sont transformés pour les adultes.»
L’amour du policier
Parmi les invités se trouve aussi Johanne Seymour, la fondatrice et directrice artistique des Printemps meurtriers de Knowlton, un festival international de littérature policière, dont Richard Migneault est coordonnateur des prix Tenebris, qui récompensent la meilleure œuvre en langue française.
«Les auteurs ont adoré cette contrainte de lieu et de longueur, souligne-t-il. Au départ, j’avais dressé une liste de 40 noms. Les 16 premiers sur 17 appelés m’ont dit oui!»
Passion récente
Il y a quelques années, Richard Migneault a pris sa retraite du milieu de l’éducation, lui qui a été directeur de divers services et écoles à la Commission scolaire de Saint-Jérôme.
«Il y avait la crainte de s’ennuyer, quand on est habitué à gérer 1200 ados dans le trafic chaque jour, raconte celui qui habite Vimont depuis 6 ans. J’ai toujours été un fou de lecture et je me considère comme un passeur littéraire. Une amie m’a suggéré de créer ce blogue et la mission de faire connaître les auteurs de polars. Les visiteurs ont sans cesse augmenté et les maisons d’édition ont commencé à me contacter pour parler de leur production.»
Peu avant la retraite, il avait découvert l’inspecteur Wallander d’Henning Mankell, dont il a dévoré les huit titres publiés à ce jour en deux semaines. Il poussera plus loin son exploration du genre, s’attardant aux œuvres du Sicilien Andrea Camilleri et de l’Islandais Arnaldur Indrioason.
«J’avais fait la tournée d’Europe, j’ai alors eu envie de me pencher sur l’état du polar au Québec, conclut-il. J’ai vu qu’il y avait autant de talent ici qu’ailleurs. J’ai adoré cette façon de voir et de questionner la société à travers le regard d’un policier à la Wallander ou autre.»